« Plein Emploi » : dernière au TOM, ce dimanche, avant la grande tournée
Écrite par Jean Titeca et revisitée depuis 2018 par Éric Delor, la pièce « Plein Emploi » est désormais un cru affiné, savamment décanté. Elle revient ce dimanche (27 avril), à 16 heures, sur les planches du Teyat Otonom Mawon (TOM), à Fort-de-France, pour une dernière représentation avant sa tournée dans les communes.

Grinçante et follement absurde, « Plein Emploi » est une comédie où s’entremêlent burn-out, magouilles, infidélités et simulacres, le tout porté par un humour ravageur et une justesse redoutable. Une pièce qui fait rire à gorge déployée, mais qui vous attrape aussi à la gorge, l’air de rien.
Le pitch ?
Simple en apparence : une agence fictive baptisée « Plein Emploi ». Les bilans pleuvent, les appels fusent, les egos se frottent… et derrière les sourires de façade, on cache les liaisons, on mime l’enthousiasme, on jongle avec un chaos devenu norme. L’illusion est parfaite : un décor éclatant de fausse réussite, un univers trop lisse pour être honnête.
Sous la direction millimétrée d’Éric Delor, le chaos devient chorégraphie. Chaque geste compte, chaque objet prend la parole. Les murs de l’agence débordent de tension, de non-dits, de rires nerveux. Un théâtre organique, vivant, intelligent. Et profondément humain.
Derrière les rires, un cri
Car si l’on rit, c’est souvent pour ne pas pleurer. « Plein Emploi », c’est aussi la peinture grinçante d’un monde du travail déshumanisé, broyant les individus sous le poids des procédures, des apparences et d’un management en roue libre. Un miroir tendu à notre société, sans filtre ni paillette. Et pourtant, jamais moralisateur : juste assez absurde pour dérider les plus crispés, juste assez vrai pour nous toucher en plein cœur.
Quatre comédiens, une tornade d’énergie
La pièce tient aussi par l’alchimie rare de son quatuor d’interprètes.
Rita Ravier incarne Philomène, bras droit en tailleur et en sarcasme. Une ironie tranchante comme une épée, des silences lourds de sens, une palette d’émotions qui oscille entre tendresse et coup de gueule.
Virgil Venance, alias PAE, patron au bord du précipice, réussit la prouesse de mêler autoritarisme rigide et fragilité désarmante. Une sorte de Louis de Funès chez Kafka, perdu dans ses propres directives.
Fiona Soutif, dans le rôle de Julia Robert (aucun lien, mais tout un monde), entre sur scène comme une décharge électrique. Explosive, magnétique, vibrante.
Et Marc Julien Luca, dans la peau du contrôleur EVZ, incarne à lui seul la froideur d’un système tentaculaire, impitoyable et poussiéreux. Un fonctionnaire tout en silences et regards, glaçant et fascinant.
Une claque tendre et salutaire
« Plein Emploi », c’est une comédie qui cogne fort, mais qui serre aussi dans ses bras. Une fête du débordement, un hommage à la débrouille, un uppercut lancé avec élégance à tout ce qui nous épuise. Une œuvre de théâtre populaire dans le sens noble du terme : accessible, percutante, généreuse.
Ce dimanche (27 avril), le TOM vibrera sous les pas et les cris de cette bande d’acteurs épatants. Ils tombent, rient, s’effondrent, se relèvent - et le public avec eux. C’est brut, c’est fin, c’est nécessaire.
Infos pratiques
TOM – Teyat Otonom Mawon, Fort-de-France. Dimanche 27 avril à 16 heures. Réservations : 06 96 35 57 42. Ou en ligne sur HelloAsso.
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