TRANCHES D'HISTOIRES : L'évolution du tourisme en Guadeloupe
La Guadeloupe est une destination prisée pour le tourisme, pour ses plages, ses cascades, sa faune et sa flore et ses nombreux sites à découvrir. C'est ainsi devenue l'une des premières destinations touristiques de l'Outremer français. Retour sur son évolution au fil des décennies.
La Guadeloupe est une destination prisée pour le tourisme, pour ses plages de sable blanc ou de sable noir, ses cascades, sa faune et sa flore, et ses nombreux sites à découvrir lors de la visite de certaines communes de l'île. C'est ainsi la première destination touristique de l'Outremer français.Durant les années 90, le secteur touristique guadeloupéen a enregistré une forte activité. En dix ans, la fréquentation touristique a été multipliée par trois, pour atteindre plus de 600 000 touristes en 2000. Depuis cette date, le secteur connaît des difficultés : la baisse de la fréquentation a entraîné la fermeture de nombreux hôtels et l’activité de croisière s’est contractée. Sur la période récente, le tourisme guadeloupéen a néanmoins montré quelques signes encourageants laissant espérer un redémarrage de l’activité du secteur.
Le poids du tourisme dans l’économie guadeloupéenne reste complexe à mesurer. La dernière évaluation du poids économique du tourisme est celle de 2005, où le secteur atteignait 5 % du PIB régional, en baisse de 5 points par rapport à l’année 2000. Il est nettement plus faible que celui observé dans la plupart des îles caribéennes indépendantes où le tourisme représente 20 % à 50 % du PIB.
L’histoire touristique de la Guadeloupe peut être divisée en trois grandes phases. La première correspond à la période coloniale qui va de l’annexion de la Guadeloupe par la France en 1635 jusqu’à 1946. C’est la période de l’économie de plantation. La seconde phase allant de 1946, date de la départementalisation à 1971, qui correspondant à l’élaboration du plan faisant du tourisme l’axe principal de développement de la Guadeloupe. Cette période est marquée par la mise en place des principaux équipements et infrastructures hôtelières d’aujourd’hui, consacrant par la même l’ouverture véritable de la Guadeloupe au tourisme international. La dernière période, de 1971 à nos jours est caractérisée par l’intégration de la Guadeloupe dans l’espace européen et à l’accès aux financements structurels européens.
L’intérêt de la Guadeloupe pour le tourisme commence timidement par la découverte de la montagne et du tourisme vert, avec la création en 1899 par de la section guadeloupéenne du club alpin, qui propose la découverte du massif montagneux. Sur cette même lancée, Camille Thionville fondera quelques années plus tard le club des montagnards et publiera un guide touristique « La Guadeloupe touristique ». Pour sa part, le docteur René Pichon va créer durant la première guerre mondiale la société d’études, d’initiatives et de propagande pour le développement touristique, société qui est à l’origine de l’exploitation des sources thermales de Dolé et de la construction du premier hôtel à Gourbeyre ainsi que du premier bureau d’accueil et d’informations touristiques à Basse-Terre et à Pointe a Pitre. En 1935, à l’initiative du gouverneur Felix Eboué, plusieurs projets hôteliers ont vu le jour, notamment l’hôtel Fort Royal. A la même époque, la chambre de commerce et d’industrie de Pointe a Pitre va créer le premier restaurant touristique de Guadeloupe la Pergola au Gosier. Ensuite, en 1948, est construit à Pointe à Pitre le Grand hôtel. Durant la même année, la Pergola à Gosier est rachetée et transformé en hôtel-restaurant, et l’ancienne distillerie.
Entre 1956 et 1960 est créée la SITO (Société Immobilière Touristique d’Outremer, chargée d’organiser le développement touristique de la Guadeloupe. Entre 1961 et 1965, deux unités d’accueil de luxe, la Caravelle à Sainte Anne et le Fort Royal à Deshaies, mais c’est surtout au cours des années 1971 et 1975 que la Guadeloupe s’est véritablement ouverte au tourisme international. En effet, face à l’essoufflement des activités traditionnelles de production et pour lutter contre le chômage, le gouvernement a décidé lors du VIe plan, de faire du tourisme le fer de lance du développement en Guadeloupe, en retenant les objectifs ambitieux que sont la création en cinq ans de 3000 unités d’accueil supplémentaires correspondant à 3000 emplois directs et 3500 emplois indirects, une injection de 220 millions de francs (33,54 millions d’euros) de valeur ajoutée dans le PIB.
Pour ce faire, une batterie d’incitations financières et fiscales fut alors proposée aux investisseurs potentiels avec exonérations de charges fiscales et sociales. Des investisseurs de l’hexagone ont répondu à l’appel, si bien que la Guadeloupe s’est dotée durant cette période d’une infrastructure hôtelière qualifiée pour l’époque de luxe, avec notamment, la construction à Gosier des hôtels Callinago, Arawak, Frantel, Novotel. A Saint-François, les hôtels Méridien et Hamac. Au Moule, l’hôtel Copatel, fréquenté à l’époque par une clientèle essentiellement Canadienne. Le nombre de touristes Français séjournant en Guadeloupe était en 1978 à peu près équivalent à celui des Nord- Américains. Quant aux autres européens, ils représentaient à l’époque 16.4% de la clientèle, or aujourd’hui, 9 touristes sur 10 (91,6% de la clientèle) séjournant en Guadeloupe sont selon l’Insee de nationalité Française.
De 1970 à 1975, le parc hôtelier de Guadeloupe est passé de 800 chambres fin 1970 à 2600 chambres au 31 décembre 1975, soit une création effective de 1800 chambres et un taux de couverture des objectifs du 6e plan en matière d’équipement hôtelier de 60%. En termes de fréquentation, et selon les statistiques de l’époque, le nombre de touristes de séjour est passé en Guadeloupe de 47225 en 1970 à 74056 en 1975, soit un taux de croissance annuel moyen de 9,4% sur la période. De 1975 à 1980, le nombre de chambres sur cette période est passé de 2600 à 2726 et le nombre de visiteurs de séjour de 74056 à 158500, soit sur la période, un taux de croissance annuel moyen des visiteurs de 16,4%. De 1980 à 1990, on est passé de 2726 chambres à 3274 et de 158500 touristes de séjour à 309600, soit un taux de croissance annuel moyen des visiteurs de 6.9%. De 1990 à 2000, la croissance du secteur se poursuit, aidée en cela par les programmes de financement public, notamment le DOCUP 1994-2000. Durant cette phase, le taux de croissance a été très modéré et même quelquefois stagnant, en raison notamment de l’arrivée sur le marché durant cette période de concurrents redoutables que sont entre-autres Cuba et la République Dominicaine dont les indices de fréquentation sont passés selon l’OMT de 1997 a 2005, de 100 à 425.1 pour Cuba et de 100 à 176.9 pour la République Dominicaine. De 2000 à 2005, le taux de remplissage des hôtels a été en baisse, si bien qu’on est passé de 571000 visiteurs en 2000 à 484290 en 2005, soit un taux de croissance annuel moyen de -3.2% sur cette période. En outre, depuis l’an 2000, plus de 12% du parc hôtelier de Guadeloupe a disparu. 17 établissements ont fermé. Ajoutons qu’un certain nombre d’établissements ont été vendus à la découpe en résidences privées et d’autres sont aujourd’hui en grandes difficultés.
Par ailleurs, concernant le tourisme de croisière, on constate que le nombre de touchées de bateaux, et par conséquent de croisiéristes s’effondre régulièrement en Guadeloupe depuis une dizaine d’années. En 2005, 59 paquebots ont accosté en Guadeloupe contre 429 en 1996, soit une baisse de fréquentation de 86% en 10 ans. Enfin, pour ce qui est du tourisme de plaisance, ce dernier a quasiment disparu de la Guadeloupe. La loi Pons de défiscalisation avait été à l’origine de son essor, mais aujourd’hui, force est de constater que cette activité s’est également effondrée. Le nombre de bateaux à la location a fortement diminué, passant de 239 en 1996 à une quarantaine de bateaux en 2004, soit une diminution de 83.3% en 8 ans.
Sources & Images :
« L’évaluation de la politique touristique en Guadeloupe et de son impact sur l’économie et l’emploi à l’aide de modèles appliqués » Octobre 2008 Louis Dupont The George Washington University, Wikipedia, IEDOM,Office du Tourisme
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