Qui est « Solitude », héroïne de la résistance contre l'esclavage en Guadeloupe ?

Par 27/05/2024 - 09:00

En ce 27 mai, qui célèbre l’abolition de l’esclavage en Guadeloupe, RCI a choisi de s'intéresser à l'une des figures ayant lutté contre le rétablissement de l'esclavage en 1802 : Solitude. Une femme de courage dans la résistance des esclaves noirs. De nos jours, sa mémoire vit encore.

    Qui est « Solitude », héroïne de la résistance contre l'esclavage en Guadeloupe ?
Statue de la Mulâtresse Solitude (Boulevard des Héros, Les Abymes)

Solitude de son vrai nom Rosalie serait née aux environs de 1772 en Guadeloupe. Elle est l'enfant d'une esclave violée par un colon, capitaine blanc d'un navire négrier. Elle est devenue esclave de maison.

Fille à la peau et aux yeux clairs, elle est donc une « mulâtresse », selon le langage utilisé par les colons à l'époque pour désigner une femme issue d'un parent blanc et d'un parent noir.

Un contexte de résistance

Une première abolition de l'esclavage a lieu en 1794. Solitude est alors libérée mais ce changement radical est malheureusement de courte durée pour la jeune femme âgée d'une vingtaine d'années. C'est en 1802 que la jeune Solitude, enceinte, prend part au combat du commandant martiniquais Louis Delgrès.

Napoléon Bonaparte décide de rétablir l'esclavage aux Antilles et envoie des troupes. Le général Richepance est choisi pour mâter l'insurrection qui se profile en Guadeloupe. Solitude rallie une communauté marronne située à Goyave en Guadeloupe, dirigée par un chef marron, Moudongue Sanga.

Elle et ses compagnons résistent vaillamment, les armes à la main avec pour devise : « Vivre libre ou mourir ». C'est dans ce contexte qu'elle décide de changer son nom de Rosalie pour devenir Solitude.

En pleine résistance faite d'acharnement et de désespoir, le conflit se termine dans un ultime affrontement à Matouba, où Delgrès et ses 300 hommes se suicident plutôt que de se rendre.

Capturée, Solitude est épargnée momentanément en raison de sa grossesse. Elle donne naissance à son enfant le 28 novembre 1802, avant d'être exécutée le lendemain, laissant derrière elle un nouveau-né destiné à la vente pour un propriétaire d'esclave.

L'esclavage est définitivement aboli en Guadeloupe le 27 mai 1848.

Un héritage contemporain

Solitude et son courage restent indélébiles dans la mémoire, elle a été mise à l'honneur de diverses manières.

Un roman d'André Schwartz-Bart intitulé « La Mulâtresse Solitude », paru en 1972, raconte l'histoire de cette femme d'une manière brève et extrapolée en s'inspirant des écrits de l'historien créole Auguste Lacour.

Une statue à son effigie a été érigée et inaugurée en Guadeloupe dans la commune des Abymes le 27 mai 1999 à l'occasion du 151ème anniversaire de l'abolition de l'esclavage. Le créateur de l'œuvre est Jacky Poulier.

Une autre statue lui rendant hommage a été érigée à Bagneux (Hauts-de-Seine), le 10 mai 2007. Ce mémorial créé par l'artiste Nicolas Alquin été partiellement incendié dans la nuit du 29 au 30 juin 2023, lors d'émeutes en région parisienne.

Une troisième statue à son effigie a toutefois vu le jour le 10 mai 2022 dans le jardin du 17e arrondissement de Paris. C'est la première statue d'une femme noire érigée à Paris.

Ces œuvres permettent que sa mémoire et sa lutte ne tombent pas dans le vide et l'indifférence. La redécouverte de cette figure a permis de redonner de la visibilité à la contribution des femmes à la résistance à l’esclavage, longtemps passée sous silence.

 


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