Pointe-à-Pitre face au défi de la décroissance urbaine

Par 07/11/2025 - 10:20

    Pointe-à-Pitre face au défi de la décroissance urbaine

Longtemps considérée comme le cœur économique de la Guadeloupe, Pointe-à-Pitre traverse aujourd’hui une phase de décroissance urbaine. Selon une étude publiée en octobre par Géoconfluences, sous la plume du doctorant et professeur d’histoire-géographie, Aness Garrush, la ville connaît depuis plusieurs décennies une baisse progressive du nombre d’habitants, la fermeture de nombreux commerces et un déplacement des activités vers d’autres communes, notamment Les Abymes, Baie-Mahault ou encore Petit-Bourg.

La décroissance urbaine ne désigne pas une réduction de l’espace de la ville, mais bien un recul démographique, économique et social. À Pointe-à-Pitre, ce phénomène s’observe depuis les années 1980-1990, avec le départ successif de grandes administrations.

On a un déplacement progressif, d’abord du rectorat, puis plus tard de la Sécurité sociale, et ces administrations ont entraîné avec elles des populations qui sont allées s’installer ailleurs.

Ce glissement a renforcé la dynamique périphérique. Baie-Mahault est aujourd’hui un pôle économique majeur et Les Abymes concentre une part importante de la population active.

Une ville malgré tout vivante

Pour autant, Pointe-à-Pitre n’a pas perdu son âme. La ville conserve un patrimoine culturel exceptionnel, reconnu à l’échelle régionale et au-delà. Son centre-ville historique, ses places animées et surtout ses rassemblements populaires témoignent d’une attractivité immatérielle forte toujours selon Aness Garrush.

Derrière cette décroissance, on a finalement une renaissance. Chaque année, la ville rassemble des centaines de milliers de personnes lors du carnaval. Pointe-à-Pitre conserve cet aspect attractif. 

Le maire, Harry Duhamel, mise sur une stratégie de reconstruction sociale avant tout économique.

Le processus qui nous conduira à sortir de la crise, c’est l’implication citoyenne. Faire avec les gens, et non pas pour eux. Nous n’avons pas d’argent, mais nous avons les gens.

L’enjeu consiste à transformer la décroissance en opportunité, en misant sur la réhabilitation du patrimoine, la revalorisation du centre-ville, et la participation des habitants, des artistes et des acteurs économiques.

Mettre l'humain au centre

Pointe-à-Pitre ne cherche plus à redevenir la « capitale économique » qu’elle fut, mais à réinventer son modèle, fondé sur la proximité, la culture et la co-construction citoyenne. Sa renaissance passera moins par la croissance que par la création de liens, d’espaces de vie et d’identité collective.

La ville ne disparaît pas ; elle se réinvente.


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