PARLONS VRAI. L'impératif de repenser la société face au défi du grand âge

Par 03/10/2025 - 09:10 • Mis à jour le 03/10/2025 - 09:11

La Guadeloupe vieillit. Comme partout, l’espérance de vie progresse, mais les fragilités persistent. Le socio-anthropologue Raymond Otto le rappelle avec force : l’enjeu n’est pas seulement d’allonger la vie, mais de permettre aux aînés de la vivre dignement, dans un territoire dont les réalités diffèrent profondément de l’Hexagone.

    PARLONS VRAI. L'impératif de repenser la société face au défi du grand âge

Selon le sociologue, la question de l'isolement se pose bien avant le "grand âge". Quand les enfants partent faire des études à l'étranger, les parents se retrouvent seuls dans le foyer.

À ce moment, on n'y prête pas attention, parce que les parents sont encore valides. Nos personnes âgées ne vieillissent pas forcément en bonne santé. Elles doivent alors être suivies par des rhumatologues, des kinés, des cardiologues et cetera. Or, Cela ajoute une complexité à la problématique dans un territoire archipélagique qui est aussi considéré comme un désert médical.

Par ailleurs, les politiques publiques nationales – allocations dépendance, EHPAD – n’ont jamais été totalement adaptées au contexte guadeloupéen, selon le sociologue.

Dans un territoire marqué par une tradition agricole et de faibles revenus, le recours aux établissements spécialisés reste prohibitif pour la majorité.

On a fait du copier-coller, sans tenir compte de qui nous sommes. Je pense qu'il faut que nous fassions le bilan de tous ces dispositifs pour lesquels on a mal communiqué et les gens se sont retrouvés à devoir payer de fortes sommes. Certaines personnes âgées avaient des biens mais ça a un peu grévé des familles.

Privilégier la proximité

À cela s'ajoute la difficulté de financer une aide humaine indispensable au quotidien. Et Raymond Otto de préciser que de nouveaux métiers émergent. Auxiliaires de vie, aides à domicile, kinésithérapeutes, ergothérapeutes. Mais ces professions du contact, essentielles pour accompagner la dépendance, restent sous-valorisées et en nombre insuffisant.

Au-delà des soins, c’est tout l’espace de vie qui freine l’inclusion des aînés. L’urbanisme n’a pas suivi les obligations légales d’accessibilité, et de nombreux services publics restent logés dans des bâtiments inadaptés.

Les questions de mobilité et de logement se révèlent cruciales : que devient un senior quand il ne peut plus conduire ? Comment maintenir une vie sociale quand les commerces et services de proximité disparaissent des centre-bourgs au profit de zones périphériques inaccessibles sans voiture ?

Penser autrement, agir vite

Vieillir en Guadeloupe ne doit pas être synonyme d’isolement ni de précarité. L’enjeu, selon Otto, est double : offrir aux résidents un territoire plus solidaire et attractif, mais aussi imaginer un modèle innovant qui pourrait attirer de nouveaux habitants, désireux de vieillir dans un environnement humain et bienveillant.

Le vieillissement de la population n’est donc pas une fatalité : c’est un appel à repenser collectivement l’avenir de l’archipel.

(Ré)Écoutez l'interview complète de Raymond Otto


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