Général Lamballe, commandant de la gendarmerie de Guadeloupe : « La rue doit redevenir un espace de liberté »
Le Général Vincent Lamballe, commandant de la gendarmerie de Guadeloupe, était l’invité du Caraibe 7h, ce samedi 30 mars. Il est revenu sur l’agression armée d’un gendarme et de sa compagne à Marie-Galante, sur opération « Place Nette » menée jeudi sur sur toute la Guadeloupe et le dispositif du week-end pascal.
Le général Vincent Lamballe, commandant de la gendarmerie de Guadeloupe, était l'invité du Caraïbes 7h, ce samedi 30 mars. Les grandes lignes de son entretien, à retrouver ici.
Sécurité routière et week-end de Pâques
RCI : Plusieurs accidents graves ont eu lieu ces dernières 24h, dont un nouvel accident mortel, les autorités, et les gendarmes plus spécifiquement, seront mobilisées en ce long week-end pascal ?
Vincent Lamballe : Le week-end Pascal, à l’instar d'autres périodes de l'année comme le 15 août, c'est un moments qui, malheureusement, peut être endeuillé par des accidents de circulation routière. Particulièrement en Guadeloupe, nous le savons, c'est une période festive, c'est une période de regroupements familiaux. Un certain nombre d'événements festifs musicaux auront lieu. Cela donnera lieu également à de nombreux déplacements. Nous allons à nouveau déployer des moyens, pas que pour lutter contre la circulation des armes et des violences, mais en même temps également pour assurer la sécurité sur les routes. De gros dispositifs seront déployés. Tout le week-end, un peu plus de 300 gendarmes seront déployés sur l'ensemble de l'archipel pour assurer la sécurité des axes routiers.
Mais la meilleure protection, je pense, ce ne sont pas que les gendarmes, c'est chacun d’entre nous. C'est une sensibilisation collective. Dans ces moments festifs de regroupements familiaux, retenez celui qui a bu ou qui est fatigué pour éviter ces accidents et ces drames.
Hier encore, donc vous le savez, l'accident mortel sur le secteur de Roseau, à Capesterre-Belle-Eau, en début de soirée. C'est la 9ème fois que la Guadeloupe est endeuillée cette année (Ndlr : 12 morts en comptant la zone police) et les chiffres des années précédentes n'étaient déjà pas très bons.
Opération « Place Nette » et lutte contre les violences
Jeudi soir, vous avez mené une opération « Place Nette » d’envergure sur le territoire, les autorités ont voulu envoyer un message fort ?
Vincent Lamballe : Oui, en effet, nous l'avions annoncé avec le préfet. Nous l'avions dit, la police et la gendarmerie se sont engagées à être beaucoup plus présentes sur le terrain qu'elles ne l'été déjà. Notre quotidien, c'est de lutter pour la sécurité de nos concitoyens ici, en Guadeloupe. Mais comme vous le savez, les élus s'en sont aussi légitimement émus. On a pu constater ces derniers temps une augmentation encore de la violence, et notamment par des faits particulièrement marquants. Donc c'est effectivement un coup d'arrêt qui doit être donné à ces faits de violences à caractère criminel.
Est-ce que ces opérations comme celle-ci, « Place Nette » seront reconduites ?
Vincent Lamballe : Oui, d'abord au quotidien. L'occupation du terrain va encore être beaucoup plus importante. Je pense que les Guadeloupéens et les Guadeloupéennes ont constaté ces derniers temps beaucoup plus de présence de gendarmerie sur les axes, mais également dans certains quartiers, certains secteurs qui sont un petit peu plus sensibles, où on enregistre des faits de violences ou de délinquance.
Ce sont des choix qui sont faits. Il faut prioriser. Mais il est important aujourd'hui de montrer cette présence des forces de l'ordre sur le terrain au quotidien. Et puis, il faut aussi des opérations beaucoup plus marquantes de deux natures. D'abord, des opérations judiciaires sous l'autorité des procureurs de la République de Pointe-à-Pitre et de Basse-Terre pour approfondir les affaires, aller démanteler les réseaux, aller chercher également les auteur de toutes les violences dont on parle, les vols à main armée, les homicides, les tentatives d'homicide.
Et puis, il un autre type de grosses opérations qui sont évidemment très lourdes en termes de moyens mais nécessaires et on n'hésitera pas à les renouveler. Ce sont les opérations « Place nette », le terme est un terme national du ministère de l'Intérieur, mais qui parle en soi déjà. La rue doit redevenir un lieu de liberté, où les gens doivent être rassurés et où on peut exercer notre bien vivre ensemble.
Gendarme visé par des tirs à Marie-Galante
RCI : Vous avez parlé de faits de violences. Jeudi soir à Marie-Galante, un gendarme et sa compagne ont été pris pour cible par des tirs à leur domicile de fonction. Aujourd'hui, où en est-on ?
Vincent Lamballe : En effet, ce sont des faits très graves, mais heureusement rares. Peu avant 21h, jeudi soir, un militaire de la gendarmerie, un gendarme mobile en déplacement, comme nous en avons un certain nombre sur l'archipel, recevait son épouse pour le week-end, entre deux repos. Ils ont essuyé un tir au travers de la vitre de leur domicile. Ils vont bien heureusement. Ils ont pu sortir de l'hôpital dès jeudi soir. Ils ont reçu des impacts de plombs, aux visages et aux torses. Ils vont bien physiquement, mais psychologiquement, ils sont aujourd'hui très choqués, comme peut l'être toute la brigade de gendarmerie de Grand-Bourg. Dans les îles du sud, à la Désirade, à Terre-de-Haut, à Marie-Galante, Grand-Bourg, les unités vivent au cœur de la population. C'est un logement qui est en pleine rue, où il n'y avait jamais eu de souci. Et c'est donc d'autant plus marquant pour les gendarmes.
Qu'est-ce que le ou les auteurs encourent ?
Vincent Lamballe : Alors, nous sommes sur une qualification de tentative d'homicide, voire d'assassinat, si la préméditation est démontrée. Très probablement avec un fait aggravant qui est celui d'avoir tiré sur un gendarme et sa conjointe. La loi le prévoit. Cette habitation est connue depuis des années pour être le lieu d'habitation de gendarmes. Donc, peut-être que cette qualification sera retenue. Tout fait, de toute façon, commis avec une arme, en particulier une tentative d'homicide et là, en l'occurrence, avec des blessure, fait encourir des peines de prison ferme, bien évidemment. À ce stade, aucune piste n'est écartée. Tous les moyens sont mis en œuvre sous l'autorité de la procureur de la République de Pointe-à-Pitre. J'espère que nous pourrons avancer assez rapidement sur cette enquête pour qu'effectivement, on puisse établir toute la vérité et présenter les auteurs devant les magistrats.
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