[Eau secours] De 1820 à aujourd’hui : l’histoire mouvementée de l’eau potable en Guadeloupe

Par 26/11/2025 - 15:40 • Mis à jour le 26/11/2025 - 15:42

En Guadeloupe, l’accès à l’eau potable reste un défi. Malgré la création du SMGEAG et des millions investis, le réseau souffre de décennies de sous-investissements et de pertes massives. Aujourd’hui, la question demeure : quand l’eau redeviendra-t-elle un droit pour tous ?

    [Eau secours] De 1820 à aujourd’hui : l’histoire mouvementée de l’eau potable en Guadeloupe
La vétusté des canalisations pointée du doigt. Photo d'archives

Au 19ème siècle, la Guadeloupe vivait au rythme des fontaines publiques et des puits.

En 1820, Pointe-à-Pitre installe ses premières canalisations en fonte : un progrès immense, mais réservé à quelques zones urbaines.

Création du SIAEAG

Après la Seconde Guerre mondiale, tout s’accélère. L’État investit massivement, modernise les réseaux et en 1975 naît le premier syndicat intercommunal, le SIAEAG.

Une promesse d’organisation, mais une promesse fragile, car les communes restent très autonomes et les investissements ne suivent pas toujours.

Puis arrive la grande bascule : les années 80. Les maires récupèrent la compétence eau.

Sauf que gérer l’eau coûte cher, très cher. Beaucoup trop pour des communes souvent exsangues.

Les réseaux vieillissent, les réparations tardent, les pertes explosent. Jusqu’à 60 % de l’eau produite disparaît dans la nature avant d’arriver au robinet.

La gestion déléguée au privé

Dans les années 1990, la gestion est déléguée au privé. Mais les problèmes s’aggravent.

En 2014, Veolia quitte l’île, laissant un système dégradé et des usagers déjà épuisés.

Face à la crise, en 2016, Josette Borel-Lincertin annonce un syndicat unique. Une solution miracle qui devrait harmoniser, moderniser, redresser.

Mais la réalité politique rattrape vite la théorie : rivalités entre maires, guerres de territoires, désaccords financiers. La réforme s’enlise.

Un réseau à l’agonie

En 2018, Emmanuel Macron ignore les élus lors de sa visite et reçoit uniquement les associations. Un signal clair : l’État sait, l’État voit et l’État estime que les responsabilités sont locales.

Parce que la vérité est là : pendant des décennies, les collectivités ont pointé du doigt les opérateurs privés. Mais l’obligation d’investir, c’était celle des élus. Et les investissements n’ont jamais été au niveau.

Résultat : un réseau à l’agonie, une eau parfois impropre à la consommation, des filtres non remplacés et des foyers confrontés aux tours d’eau chaque jour.

Création du SMGEAG

En 2021, le SMGEAG est enfin créé pour reprendre la main. Mais il hérite d’un système écroulé, avec 70 % de pertes et seulement 60 % de factures recouvrées. Une situation exceptionnelle devenue la norme.

Alors oui, en 2025, des travaux sont en cours. Oui, des millions sont annoncés.

Mais une question demeure, brûlante, urgente. Combien de temps encore faudra-t-il attendre pour que l’accès à l’eau potable en Guadeloupe cesse d’être un privilège et redevienne enfin une évidence ?


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