Préparer l'après, le difficile travail des rééducateurs en réanimation du CHU
Depuis maintenant plus d'un an, la crise sanitaire a mis le personnel soignant à rude épreuve. Au service de réanimation, où se trouvent les patients les plus graves, il y a les médecins, les infirmières, les aides-soignantes qui assurent une surveillance constante des fonctions vitales des malades. Et puis, il y a aussi, les autres, ceux dont on parle moins mais dont le rôle est tout aussi capital. Des kinésithérapeutes, orthophonistes et ergothérapeutes qui œuvrent au quotidien pour éviter que les patients ne développent des séquelles. RCI les a rencontrés.
Si le COVID est une guerre, ils sont les soldats de la première ligne. Le personnel soignant, engagé sur le front depuis maintenant plus d’un an. La réanimation est un service spécialisé où sont hospitalisés les patients les plus graves. Ils y bénéficient d’une surveillance constante des fonctions vitales comme la ventilation, l’oxygénation, la pression artérielle, les fonctions cardiaque et rénale. Si besoin, une assistance de ces fonctions vitales peut être mise en place afin de permettre si possible la survie du patient.
Au service de réanimation, où se trouvent les patients les plus graves, il y a les médecins, les infirmières, les aides-soignantes qui assurent une surveillance constante des fonctions vitales. Et puis, il y a aussi les autres, ceux dont on parle moins mais dont le rôle est tout aussi important. Des kinésithérapeutes, des orthophonistes et des ergothérapeutes qui œuvrent au quotidien pour éviter que les patients ne développent des séquelles.
Passer des semaines, hospitalisés dans ce service est en effet loin d’être anodin pour les malades. Il y a le risque de voir se développer des escarres, une perte musculaire, des troubles liés à l’intubation. Sans compter les séquelles psychologiques comme nous l’explique le Dr Méline Abraham, médecin MPR au service de réanimation et médecin rééducateur à Palais Royal.
Laure Anne Cheval, ergothérapeute est là pour éviter ces complications. Elle conseille l'équipe médicale sur l’appareillage et les postures.
Les kinésithérapeutes eux, travaillent aussi sur les troubles posturaux mais la prise en charge comprend la mobilisation, le massage, la verticalisation la plus précoce possible pour lutter contre les troubles du décubitus ventral. Ils travaillent aussi sur la lutte contre la douleur et les complications musculo-articulaires. Jeffry Cazako, l’un d’entre eux nous décrit leurs journées.
La crise sanitaire a créé de nouvelles contraintes. Le patient COVID se fatigue plus vite que les patients ayant d'autres pathologies et le simple fait d'être en position assise peut parfois être difficile comme l’explique Myriam Mathias, elle aussi kinésithérapeute.
Apprendre la présence d’une orthophoniste au sein de l’équipe peut parfois surprendre. Audrey Klingsporn-Bélaise s’occupe de la rééducation de la déglutition et met en place des moyens pour permettre aux patients intubés de communiquer avec l’équipe de soignants.
En réanimation, il n’y a pas que des patients COVID. Alors pour réduire le risque de contamination, l’équipe effectue ses tournées dans le service en deux temps. Ils voient en premier lieur les non-COVID, puis, par la suite ceux qui sont touchés par la maladie nous indique Myriam Mathias, kinésithérapeute.
Au service de réanimation les patients en grande détresse respiratoire sont généralement placés sous respirateur. Mais dans les formes les plus graves du coronavirus, les médecins réanimateurs ont recours à une manœuvre particulière : le décubitus ventral. L’équipe place alors les malades en position ventrale pour permettre au poumon d’être mieux ventilé. Il s’agit d’une manœuvre compliquée notamment pour les patients en surpoids. Une manœuvre qui mobilise parfois jusqu’à 8 membres du personnel. Dans ce cas, toute l’équipe est sur le front précise l’une des kinésithérapeutes, Alexandra Devarieux.
" C'est notre travail mais on reste des humains. "
Dans la salle de repos, l’équipe de rééducation est installée autour d’une grande table. Les conversations sont animées. Ils avouent qu’elles se poursuivent parfois tard en dehors des horaires de travail sur un groupe whatsapp qu’ils ont créé. "Pour parler des patients, des actes effectués" expliquent-ils.
Peut-être aussi parce que d’une certaine façon, ils sont les seuls à mesurer pleinement les conséquences de la crise que la Guadeloupe traverse en ce moment.
En mars 2020, alors que le monde découvrait la COVID-19 et que de nombreuses incertitudes demeuraient autour de la maladie, il a donc fallu composer avec la peur avouent Alexandra Devarieux et Laure-Anne Cheval.
"On a tous de forts caractères dans cette équipe"
Pourtant, malgré l’incertitude, la crainte de la contamination, comme l’équipe médicale, l’équipe de rééducation a tenu bon. Plusieurs parmi eux, ont d’ailleurs intégré l’équipe de réanimation au tout début de la crise en 2020, venant en renfort pour faire face à l’afflux de patients.
« On a tous de forts caractères dans cette équipe » admettent-ils en rigolant. Et il faut surement avoir une certaine force mentale pour travailler dans ce service. Mais après des mois voire un an, mobilisés tous les jours, difficile de ne pas être éprouvés. Physiquement et mentalement.
L’équipe est confrontée chaque semaine à la mort de patients qu’ils ont accompagnés pendant des jours souvent des semaines. Des personnes avec qui ils avaient noué une relation et dont ils espéraient la guérison.
Le mois d’octobre 2020 a été particulièrement éprouvant à l’hôpital avec près d’une centaine de morts. «C’est notre travail, mais on reste des humains» nous explique Audrey Klingsporn-Bélaise, orthophoniste.
Quand on est confrontés à ces morts, à ces patients en souffrance qui se battent tous les jours pour leur survie, entendre certains mettre en doute l’existence même du virus fait mal. Laure-Anne confie éprouver de la colère en voyant certains compatriotes ignorer les mesures sanitaires, faire la fête et mettre leur vie et surtout celles des plus fragiles délibérément en danger. Le Dr Méline Abraham, médecin rééducateur explique que certains discours sont particulièrement difficiles à entendre pour les membres de l’équipe.
L’équipe est fatiguée par la charge de travail, par ce quotidien passé sous des combinaisons de cosmonautes, comme ils disent, avec ce masque FFP2 qui protège mais qui est si serré. Mais il y a aussi la satisfaction de voir le combat remporté quand les patients survivent. L’après, la sortie de réa quand les les malades partent sur le site délocalisé de Palais Royal où ils effectuent leur rééducation. Parmi l’équipe de soignants, plusieurs comme le Dr Méline Abraham, Jeffry Cazaco, Audrey Klingsporn-Bélaise et Laure-Anne Cheval travaillent d’ailleurs sur les deux sites.
En France, tous les services de réanimation des hôpitaux ne sont pas dotés d’une équipe de rééducation fixe. L’équipe de rééducation se réjouit que l’équipe médicale et notamment la direction du service de réanimation du CHU de Guadeloupe soit consciente de l’importance d’une prise en charge précoce des patients pour éviter les séquelles et leur accorde une vraie place au sein de l’équipe du service de réanimation en tenant compte de leurs préconisations.
Tous sont conscients également de la nécessité d’un travail d’équipe. Un accompagnement concerté qui se poursuit après à Palais Royal où ils peuvent observer les progrès de ces patients qu’ils ont vu se battre pour survivre.
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