Biodégradation de la chlordécone: "ça fait quinze ans qu'on travaille dessus"
Depuis quinze ans, des chercheurs guadeloupéens explorent cette thèse récemment remise sous les feux des projecteurs par les chercheurs du CEA, le commissariat à l'énergie atomique. Interview et Reportage.
La chlordécone dégradée par des bactéries présentes dans les sols? C'est possible. Le CEA, Commissariat de l'Energie Atomique mène des recherches sur cette piste depuis dix ans et l'annonce d'une possible dégradation de la chlordécone grâce à des bactéries a été très médiatisée ces derniers jours. Seulement voilà, la même thèse est également défendue localement par l'Université des Antilles depuis quinze ans par les équipes du professeur de chimie, Sarra Gaspard, sans toutefois rencontrer le même écho médiatique. Ses équipes sont d'ailleurs sur le point de valider en situation réelle sur des terrains chlordéconés à Gourbeyre ces recherches scientifiques. Ecoutez Sarra Gaspard de l'Université des Antilles…interrogée par Stéphanie Sérac
Des chercheurs qui galèrent
Et ce n'est pas tout car le jeune chercheur de 27 ans qui travaille actuellement sur la dégradation biologique de la chlordécone, Sully Rambinaissing (prenant ainsi la suite d'une autre thésarde), nous lui avions consacré un portrait il y a quelques mois lors du concours la Science en Pwent’ avec sa collègue, Sandra Roche, du laboratoire Covachim M2E dont Sarra Gaspard est la directrice adjointe. Un portrait qui met en lumière les difficultés de ces étudiants qui vivent avec le Smic alors qu’ils travaillent d’arrache-pieds sur des projets à forts enjeux concernant la chlordécone et les sargasses notamment. Mais il est parfois compliqué de faire comprendre localement l'intérêt de ces recherches. La preuve: lors du concours La Science en Pwent, en novembre dernier à la Mairie de Pointe-à-Pitre, l’intérêt même de chercher à dégrader la chlordécone a été mis en doute par l’un des membres du jury…Ecoutez ces portraits croisés signés Stéphanie Sérac qui avait rencontré ces deux jeunes à cette occasion:
Commercialisée sous l'appellation Kepone, la chlordécone est un insecticide organochloré synthétique. Utilisé dans les Antilles Françaises pour contrôler le charançon du bananier, entre 1973 et 1993. Dès 1990, la substance est interdite par la France qui délivre tout de même une dérogation jusqu'en 1993 aux Antilles. 20 ans pendant lesquels les sols, les rivières le bétail, les poissons, sont contaminés car dès 1979, il est établi qu'il s'agit d'un perturbateur endocrinien. Aujourd’hui, les recherches du CEA et celles d’un jeune chercheur guadeloupéen pourraient bien permettre de dégrader la chlordécone en utilisant des bactéries présentes dans nos sols.
Un espoir pour les générations futures.
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