Procès de Kathron Fortune : entre peur des témoins et critiques sur l’équilibre des débats
Troisième jour d’audience au procès de Kathron Fortune, figure criminelle redoutée des Antilles. Même après vingt ans, les faits qui lui sont reprochés continuent de hanter les esprits : le double assassinat de ses lieutenants et le meurtre de son ancienne compagne. Incarcéré depuis huit ans dans un centre pénitentiaire de haute sécurité aux Pays-Bas, celui que l’on surnomme « Mad Dog » fait toujours trembler.
Depuis l’ouverture du procès lundi, la valse des témoins illustre la difficulté à instruire ce dossier. Beaucoup refusent de comparaître ou se montrent particulièrement hésitants à la barre. Une peur palpable que craint également la partie civile. Une fébrilité qui, l'espère en tout cas Maître Marion Tillard, avocate des parties civiles à Saint-Martin, ne se propagera pas aux jurés.
J’espère que les jurés, eux, n’auront pas peur, comme les témoins, puisque c’est ça qu’on pourrait craindre.
Elle reconnaît toutefois la fragilité du dossier, faute de témoignages solides, mais se dit confiante dans la capacité de l’avocate générale à établir des éléments objectifs.
Pour l’avocate, ce procès ne doit pas donner une image déformée de Saint-Martin
Cette criminalité qui fait les gros titres n’est pas véritablement ressentie par la population. La vie y reste agréable, et les forces de l’ordre sont de plus en plus présentes.
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Une défense vent debout
Du côté de la défense, on dénonce un procès instruit « à charge ». Les témoins présentés par l’accusation sont fortement contestés. Maître Gérald Coralie fait partie de ces voix discordantes.
Ce qui m’a surpris, c’est la qualité des témoins retenus à charge. Ils ont un parcours judiciaire lourd : meurtres, tentatives de meurtre, gardes à vue pour homicide…
Il souligne également les contraintes logistiques imposées aux témoins venus de Saint-Martin ou de la partie hollandaise, parfois dissuadés par le coût du déplacement, non pris en charge par la justice.
Pour la défense, ce déséquilibre fragilise le procès.
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Ce ne sont que des témoins à charge. La défense s’en étonne et le public aussi. Finalement, nous considérons que ce procès souffre d’un véritable déséquilibre.
Entre la peur persistante autour de l’accusé et les critiques de la défense sur la conduite des débats, ce procès hors norme s’annonce long et complexe. La cour d’assises spéciale devra trancher sur un dossier vieux de deux décennies, mais encore brûlant d’enjeux judiciaires et symboliques.
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