L’artiste « Blow » mis en examen pour son tableau représentant Emmanuel Macron

Par 06/05/2025 - 14:14

L’artiste peinte « Blow » a été mis en examen ce mardi matin (6 mai), à la suite de l’exposition d’un de ses tableaux représentant le Président Emmanuel Macron décapité.

    L’artiste « Blow » mis en examen pour son tableau représentant Emmanuel Macron
@Rinsy Xieng

L'artiste peintre « Blow » était convoqué, ce mardi matin (6 mai), devant le juge d'instruction de Pointe-à-Pitre dans l'affaire du tableau litigieux exposé temporairement, il y a quelques mois, au Centre des arts.

Pour rappel, ce dernier représentait le Président Emmanuel Macron décapité, la tête brandie en l'air.

Après 30 minutes d'audition à huis clos dans le bureau du magistrat et une mise en examen pour incitation à la violence, le plasticien est ressorti libre accompagné de ses avocats.

« Je ne reconnais pas cette légitimité »

L’artiste « Blow » s’est exprimé à l’issue de son audition :

Ça remet encore une fois pour moi en doute la légitimité de toute cette façon de gérer la vie des gens, ce qu'on fait, ce qu'on pense, comment on doit dire ou faire les choses. Et ça, ça me pose problème dans ma souveraineté guadeloupéenne d'être jugé sur des choses comme ça. Pour moi, ça dévoile le colonialisme, l'injustice et l'illégitimité de la France en fait. Ça m'embête de dire ça comme ça, mais c'est ce que je constate et je ne peux plus taire ça en fait. Je ne pouvais jamais m'attendre à tout ça. J'étais tranquillement chez moi en train de faire mon petit tableau au calme. Là, je suis encore sous l'émotion, ça fait bizarre. C'est n'importe quoi. Mise en examen. Je risque quelque chose avec la justice. C'est moi, intimement, je considère que c'est n'importe quoi et je ne reconnais pas cette légitimité. Donc je considère que quoi qu’ils décident, ce n’est pas mon problème.

« Un moyen d'avoir accès à la procédure »

Pour sa défense, Me Patrice Tacita revient sur la procédure.

C’est une convocation pour mise en examen. Ça veut dire que quand vous êtes convoqué, pour que la procédure puisse suivre son cours, il faut que vous ayez accès au dossier. La mise en examen, c'est un moyen d'avoir accès à la procédure. C'est pratiquement automatique. D'ailleurs, le délit est à la fois une infraction civile et une infraction pénale. Ça ne préjuge en rien de la responsabilité pénale ultérieure de notre client. Et ça pose de vrais problèmes de fond. Il est absolument nécessaire d'avoir sur ces questions-là une position globale qui rappelle les principes. Nous avons organisé une défense qui est une défense collective pour rappeler tout le kaléidoscope des principes qui sont violés par l'action en justice qui est intentée contre M. Blow. Je ne vais pas rentrer dans le détail, mais le Président de la République estime que c’est un tableau qui serait une incitation à la commission de violences sans que ces violences se soient trouvées réalisées. C'est ça, en gros, l'infraction.

« Il a le droit de s'exprimer »

A noter qu’une trentaine de soutiens étaient présents devant le tribunal avec des drapeaux, dont José Bois-Campêche, président du MIR (Mouvement International pour les Réparations).

Tout le monde a droit à la liberté d'expression. Le bafouement de cette liberté d'expression, ici en Guadeloupe, est un des éléments, comme beaucoup d'autres, de l'expression coloniale et de la domination coloniale contre laquelle nous nous battons. Il a le droit de s'exprimer. Et je vais même dire mieux, c'est un artiste guadeloupéen, il s'exprime au nom du peuple guadeloupéen. Parce que souvenez-vous, lors des fameux cours d'arts plastiques il nous est bien appris que l'artiste finalement s'exprime pour le peuple. C'est nous. Et toute condamnation qui serait éventuellement faite - ce que à quoi je ne crois absolument pas - serait une condamnation du peuple guadeloupéen et de son droit à l'expression.


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