Incitation à la haine : Luc Reinette écope d'un rappel à la loi
Le procureur de la République a rendu sa décision dans l'affaire Luc Reinette. Le militant indépendantiste avait été convoqué en février pour incitation à la haine ou à la violence, suite à une tribune où il appelait la jeunesse à la résistance face aux « Français » et « occidentaux ». Des propos pour lesquels il écope d'un rappel à la loi, auquel Luc Reinette a répondu par courrier et maintient sa position.
Souvenez-vous lors de cette audition du 18 février 2021, Luc Reinette avait déjà affiché une posture de défiance à l'égard de cette procédure. Indiquant avoir refusé de répondre aux questions, il avait simplement versé au dossier une lettre à la Préfecture et aux institutions judiciaires, les invitant à le poursuivre devant un tribunal pour les faits reprochés.
Soutenu par plus d'une centaine de personnes, le militant souhaitait un procès pour l'exemple. Il n'en sera rien, puisqu'il n'a finalement reçu qu'un rappel à la loi.
Le Procureur a jugé l'infraction caractérisée, en raison de l'utilisation des termes « Français » et « occidentaux », présentés comme des étrangers qui considèrent la Guadeloupe comme « leur bien » ou « leur possession », et face à qui il faudrait résister. Une incitation à la discrimination et la haine, pour le magistrat, qui pourrait valoir une peine de 45 000 euros d'amende et un an de prison à son auteur, a-t-il signifié dans son courrier.
"La Guadeloupe demeure une colonie"
Luc Reinette rejette cette interprétation dans sa réponse. Ce dernier y rappelle des discriminations anciennes commises par la France qui n'ont pas été condamnées, mais aussi des actions plus récentes comme la pollution au chlordécone ou la célébration prochaine du bicentenaire de la mort de Napoléon, qui avait rétabli l'esclavage en 1802.
Invoquant la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, le militant plaide la liberté d'expression et réaffirme qu'il aurait souhaité être jugé sur cette tribune. « La Guadeloupe demeure une colonie de la France », affirme-t-il, avant de mettre cela en perspective avec des décisions adoptées aux États-Unis. La première est la réparation financière des crimes liés à l'esclavage, qui fait l'objet d'un projet de loi validé par le Congrès. La seconde c'est la condamnation récente du policier coupable du meurtre de George Floyd. Deux dossiers sur lesquelles il déplore un silence de l'État français.
« Tant que le contentieux historique qui nous oppose ne sera pas réglé, les mémoires ne seront pas apaisées et notre jeunesse aujourd’hui sacrifiée ne sera pas sauvée », conclut Luc Reinette dans ce courrier.
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