Taycaraya fait renaître l'espoir d'un projet durable de réintroduction du lamantin
Son apparition est aussi rare que fascinante. La présence de Taycaraya intrigue autant qu’elle ravive l’idée d’une réintroduction de l’espèce en Guadeloupe, dix ans après l’échec des projets Junior et Kaï en 2015.
La dernière observation de Taycayara remonte au 4 octobre. Depuis, plus aucune trace sûre du lamantin. Mais pour Jérôme Couvat, responsable scientifique d’un sanctuaire marin Agoa, cette absence n’a rien d’alarmant :
Depuis les premières observations en juillet, il alterne entre des périodes où il est très visible et d’autres où il disparaît complètement. Ce n’est pas inquiétant en soi.
Le comportement de Taycayara, tantôt discret, tantôt très présent, reste conforme à celui d’un animal en déplacement ou en phase d’exploration.
Un voyage depuis Porto Rico
Comment ce lamantin a-t-il atteint la Guadeloupe ? L’histoire de Taycayara éclaire son parcours. La femelle a été sauvée alors qu'elle était encore très jeunes.
Soignée pendant cinq années, elle a été relâchée à Porto Rico en janvier. Elle était alors équipée d’une balise satellite. Mais celle-ci a rapidement cessé d’émettre. Pour les scientifiques, Taycaraya a sauté d'îles en îles jusqu'à la Guadeloupe.
On ne sait pas par où elle est passée, mais elle a probablement suivi l’arc antillais sans être repérée. Pourquoi s’est-elle arrêtée en Guadeloupe ? Grande question. Peut-être y trouve-t-elle tout ce dont elle a besoin
Les observations réalisées durant les grandes vacanes laissent en tout cas penser que son état de santé est bon.
Un nouvel espoir de réintroduction ?
La présence de Taycayara réveille les ambitions de réintroduction de l’espèce dans les eaux guadeloupéennes. Jérome Couvat espère.
Nous cherchons d’abord à comprendre ses déplacements et ses zones de prédilection. Ces données pourraient servir de base à de futurs programmes.
Mais les défis restent importants. Car pour accueillir durablement des lamantins, l’environnement doit être favorable — et ce n’est pas totalement le cas aujourd’hui. Pour Sylvie Gustave-Duflo, en charge de l’environnement à la région Guadeloupe, le principal obstacle est clair :
Il faut regarder du côté de la qualité de nos eaux côtières, qui se dégradent.
La pollution des littoraux, l’érosion, la diminution des herbiers marins — principale nourriture des lamantins — constituent des freins majeurs à un retour stable de l’espèce. Pour l'heure, rien ne permet de dire si le lamantin va s'installer durablement en Guadeloupe.
Sa présence a en tout cas rallumé l’espoir d’un retour des lamantins en Guadeloupe. Un rêve que la science, l’environnement et la volonté politique devront désormais tenter de rendre possible.
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