Seule 32% de l’eau produite en Guadeloupe arrive au robinet

Par 11/12/2024 - 16:09 • Mis à jour le 11/12/2024 - 17:39

Les différents acteurs de l’eau ont présenté ce matin (mercredi 11 décembre) une étude sur les chiffres de l’eau et de l’assainissement dans l’archipel, en 2022. Le conclusion : malgré les efforts, les taux de pertes et de factures impayées restent anormalement élevées. La qualité doit aussi s’améliorer.

    Seule 32% de l’eau produite en Guadeloupe arrive au robinet
Photo Pierre Emmanuel

En résumé : « peut, et surtout doit mieux faire ». C'est la conclusion implacable de la présentation des chiffres de l’eau et de l’assainissement de 2022 en Guadeloupe.

Seulement 32% de l’eau produite est ainsi consommée par la population. Le taux de perte a augmenté de 7% par rapport aux derniers chiffres.

Le niveau de factures impayées est, également, très important : 46% dans le Sud Basse-Terre, 34% dans le Centre de la Guadeloupe et 38% en Grande-Terre.

Une situation qui reste très compliquée

La situation, aujourd’hui, reste très compliquée, selon les différents acteurs de l’eau. En dépit des enveloppes financières de plus en plus conséquentes, les résultats ne sont ni assez rapides, ni suffisamment satisfaisants. 

Tous les partenaires le reconnaissent, à commencer par la présidente déléguée de l'Office de l'Eau, Isabelle Amireille-Jomi, conseillère départementale. Elle rappelle que le Département a augmenté sa contribution pour l'alimentation en eau potable. 

Isabelle Amireille-Jomi

On est toujours aussi conscients qu'il y a urgence à rester mobilisés, conscients de la difficulté qu'ont les Guadeloupéens avec l'eau qu'ils reçoivent en quantité peut-être encore insuffisante, mais nous sommes confiants. Conseil départemental, conseil régional, SMGEAG, État, Office de l'eau, nous avançons d'un pas plus certain parce qu'il a fallu accélérer le plan d'action du Plan Pluriannuel d'Investissement du SMGEAG, par cela, en y mettant 19 millions d'euros pour l'Office de l'Eau, 20 millions pour le conseil départemental. Et puis, chacun porte sa part à l'amélioration des réseaux. Et on va vers moins de tours d'eau pour la population. C'est l'objectif majeur. Dans un premier temps, sur la ressource, nous avons pu constater une diminution des prélèvements. Malheureusement, pour 2022, il y a eu à constater 32% d'eau redistribuée uniquement à la population. Aujourd'hui, nous sommes encore loin du compte et encore dans l'urgence.

« Donner de l'eau en qualité et en quantité »

Même tonalité du côté du Conseil Régional malgré les gros efforts selon Sylvie Gustave-dit-Duflot, vice-présidente du Conseil Régional, présidente de l'Office Français de la Biodiversité et du Comité de l'Eau et de la Biodiversité.

Sylvie Gustave-dit-Duflot

Pour l'instant, nous ne sommes toujours pas bons. On a donc deux années de retard sur les chiffres. Mais en 2021, on prélevé 110 millions de mètres cubes dans les milieux aquatiques naturels. En 2022, on passe à 109 millions, donc on est relativement stable. Mais surtout, ce qu'on observe, c'est qu'on a toujours une augmentation. Nous sommes autour de 90 millions de mètres cubes qui vont pour l'eau potable. Or, seuls 32% atteignent leur robinet. Plus que jamais, il y a urgence à aller sur la lutte contre les fuites, la mise à niveau des canalisations d'adduction d'eau potable. Face au réchauffement climatique, nous savons tous que nous allons avoir des périodes de sécheresse plus longues, plus prolongées dans les années à venir. Il faut préparer nos milieux aquatiques à subir cette vague. Nous devons absolument donner de l'eau potable en quantité et en qualité à la population en prélevant directement dans les milieux aquatiques.

Pas suffisamment consommée, trop de pertes mais la qualité de l’eau potable distribuée en Guadeloupe serait-elle aussi en questions ?

Laurent Legendart, directeur général de l'Agence Régionale de Santé, estime qu’il y a des progrès mais qu’il reste des efforts à fournir.

Laurent Legendart.

Ce qu'on peut observer, c'est que, dans le temps, la qualité d'eau distribuée s'améliore. Sur certains paramètres, on a encore des progrès à faire, mais globalement, on a une eau qui est de moins en moins non conforme. Après, il faut rentrer dans les différents paramètres. Je vais illustrer un sujet purement martiniquais et guadeloupéen : la Chlordécone. En 2023, nous avions un taux de conformité Chlordécone de 99,3%. On a eu un prélèvement qui s'est révélé non conforme dans le cadre d'une gestion un peu hasardeuse de changement de filtre à charbon. Ça veut dire que lorsqu'on aura complètement maîtrisé cette technique de filtration et de gestion des filtres, on ne devrait plus trouver de non-conformité dans l'eau distribuée. Sur ce paramètre, c’est plutôt satisfaisant. Sur d'autres, on aura toujours des difficultés. Il faut savoir que 77% de l'eau que nous captons pour la « potabiliser » est captée en surface. Ça veut dire que la ressource est vulnérable, notamment durant les épisodes pluvieux, orageux importants, les saisons cycloniques. Et ça, ça ne va pas changer.

 


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