Des investissements en outremer dénoncés par le magazine Capital

Par 23/06/2018 - 12:34 • Mis à jour le 18/06/2019 - 13:28

Le magazine spécialisé en économie vient de publier un article sur son site internet, tirant à boulets rouges sur les investissements en outremer. Selon le magazine, "alors que l'Outre-mer accumule de gros retards en matière de services publics (eau, déchets, santé... ), de nombreux élus investissent dans des projets hasardeux". Sont concernés les Antilles, la Guyane, la Réunion.

    Des investissements en outremer dénoncés par le magazine Capital

Le magazine Capital a mené une enquête sur les investissements en outremer notamment dans les Antilles Françaises, la Guyane ou encore la Réunion. Le média ne mâche pas ses mots et accuse les élus de gestion hasardeuse, alors que les principaux services publics souffrent. Il est par exemple écrit dans l'article daté du vendredi 22 juin 2018 : "A n'en pas douter, les DOM-TOM... ont besoin d'argent frais. En plus des difficultés structurelles, le taux de chômage, le système de santé est à bout de souffle et de nombreuses collectivités n'ont plus un sou pour investir... Rien que pour 2018, le gouvernement a annoncé plus de 2 milliards d'euros de budget, en hausse de 4,4% sur un an... Il y a beaucoup d'argent gâché parce que chaque élu veut son investissement, et qu'il n'y a aucune mutualisation”.

Le magazine Capital prend pour illustration le cas des deux cyclotrons réclamés par les deux îles sœurs : "Les Antillais ayant besoin, comme les autres, d'être mieux équipés pour détecter et traiter les cancers, tout le monde était d'accord pour qu'ils disposent d'un cyclotron... Deux rapports commandés sur le sujet avaient même conclu que cet équipement devait être installé en Martinique... Lors de sa visite dans l'île en mai 2015, François Hollande confirme donc le projet. Mais, surprise ! Quand, peu après, il débarque en Guadeloupe pour inaugurer le musée sur l'esclavage, il promet... un deuxième cyclotron." avant d'accuser l'ancien ministre des outremer Victorin Lurel "L''élu guadeloupéen Victorin Lurel, qui a été son ministre des Outre-mer entre 2012 et 2014, aurait fait du chantage.” 

Selon Patrick Bourguet, l'auteur d'un des deux rapports cité par le magazine: "Certes, deux petits cyclotrons ne coûteront pas plus cher à construire qu'un gros. Mais les coûts d'exploitation, eux, seront bien plus élevés !” Et pour cause : grâce aux économies d'échelle, un équipement plus important aurait permis de faire baisser le prix du produit vendu aux hôpitaux antillais. Au lieu de quoi ces derniers, déjà lourdement endettés, devront payer plein pot."

Le Mémorial Act  dans le collimateur

Le magazine Capital cite ensuite l'exemple du musée de l'esclavage: "Porté par Victorin Lurel, cet immense édifice de 240 mètres de long a coûté une petite fortune : 83 millions d'euros, presque deux fois la dette du CHU local ! D'autant plus difficile à digérer pour les contribuables que le site... n'attire pas les foules... les expositions permanentes accueilleraient à peine 150.000 visiteurs par an, un chiffre deux fois inférieur aux prévisions !"

Les travaux de rénovation du port

Le magazine s'attaque ensuite au projet de rénovation de grand port de Pointe-à-pitre: "L'idée, a priori, est judicieuse... les Guadeloupéens ont décidé d'agrandir le port de Jarry pour se donner une chance d'attirer les gros bateaux... En tout, cette première phase de chantier, a coûté pas moins de 87,2 millions d'euros (dont 70% à la charge de la collectivité), sur un total de 130 millions. L'ennui, c'est que le trafic espéré n'est pas au rendez-vous. Les perspectives d'évolution du port sont étroitement liées à celles du marché intérieur, avait prévenu la Cour des comptes en 2013. Or ces dernières sont limitées.”

Des sureffectifs dans le public

Le magazine économique conclu par les sureffectifs dans les services publics, une charge trop lourde selon lui. Il écrit : "Non seulement les élus d'Outre-mer investissent dans des projets pas toujours pertinents, mais ils maintiennent d'incroyables sureffectifs. A Saint-Louis de Marie-Galante, en Guadeloupe, par exemple, “les emplois pour l'entretien de l'école élémentaire représentent six fois les besoins réels”, dénonce la Cour des comptes dans un rapport de 2017. Au total, le taux d'administration de la fonction publique territoriale atteignait, en 2014, 34,9 pour 1.000 habitants en Guadeloupe, et même 39,5 pour 1.000 en Martinique, contre 25,1 en métropole (hors Ile de-France). Du coup, les charges de personnel des collectivités locales flambent."