Vincent Frédéric Colombo veut porter haut la mode créole

La mode antillaise s'impose de plus en plus dans l'hexagone. Depuis juin dernier, Vincent Frédéric-Colombo, qui a grandi à Saint-Claude, en Guadeloupe, a intégré le calendrier officiel de cette semaine de la mode parisienne avec sa marque nommée C.R.E.O.L.E, acronyme de Conscience relative à l'émancipation outrepassant les entraves. 

C.R.E.O.L.E c'est vraiment un hommage à cette part de l'histoire de l'humanité, à des populations qui n'ont souvent pas d'espace pour exister. Je fais souvent un accent plus appuyé sur mes origines, mais c'est une plateforme pour montrer la beauté d'identité trop souvent invisibilisées.

Une créativité qui est donc résolument tournée vers nos territoires, mais qui a mis du temps à s'imposer, jusqu'à cette année. C.R.E.O.L.E. a intégré le calendrier de la Fashion Week de Paris notamment avec sa dernière collection en hommage au personnage de Coco La Fleur de Christian Lara.

La petite maison créée par le Guadeloupéen gagne en légitimité. 

Le calendrier de la Fashion Week me donne un nouveau rendez-vous validé par l'institution. C'est un gros challenge que je mène depuis dix ans discrètement et qui commence à porter ses fruits. 

Après cette reconnaissance du milieu, Vincent Frédéric Colombo veut désormais se faire davantage connaitre du grand public, notamment au pays.

En Guadeloupe depuis ce dimanche, il va organiser un show-room les 5 et 6 octobre à Maison Victoire, à Pointe-à-Pitre, et progressivement exister sur la scène locale, car l'intérêt est là. 

Je vois qu'il y a un intérêt grandissant, souvent par des icônes américaines, mais on peut aussi créer nos propres icônes locales. C'est difficile de se dire qu'on fait un travail autour de son identité, de notre peuple, mais qu'on n'arrive pas à la présenter chez nous, donc pour moi ce serait légitime d'avoir un espace pour présenter mon travail.

La dynamique est d'ailleurs positive pour la création ultramarine, Vincent Frédéric Colombo constate un engouement dans la capitale et une ambition de plus en plus assumée. 

Il y a de plus en plus de designers et de créatifs qui viennent des Outre-Mer qui ne veulent pas se conformer à quelque chose de trop consensuel, de trop exotisant par rapport à leur identité. Cela fait dix ans que je travaille sur le sujet et les nouvelles générations commencent vraiment à embrasser leur culture et leur identité. 

En plus de la marque C.R.E.O.L.E., il existe aussi les soirées La Créole, devenues l'un des rendez-vous les plus prisés de Paris, que Vincent a créé avec la photographe Fanny Viguier pour promouvoir les cultures afro-latino-caribéennes et l'inclusivité. Le pari est réussi, une collaboration avec Nike vient notamment de voir le jour.

C'est devenu une soirée emblématique de la capitale qui existe principalement hors de la capitale, puisqu'on est souvent en proche banlieue. On glane des univers issus des cultures afro-latino-caribéennes, de la culture du club et de la culture Queer. C'est un très beau rendez-vous qui existe depuis bientôt six ans et qui est couru par des marques, par des événements et on commence à voyager avec, donc c'est cool. 

Dans un univers créatif où les Ultramarins n'avaient pas forcément trouvé leur place jusqu'ici, les cultures de nos territoires ont trouvé des relais pour commencer à exister, loin du folklore et des stéréotypes.