Un créateur guadeloupéen fait son premier défilé à la Fashion Week de Paris

C'est un moment particulier dans la vie d'un créateur, celui du premier défilé parisien, qui plus est, dans le cadre de la Fashion Week de la capitale. Fabien Zou, 28 ans, jeune artiste pluridisciplinaire qui a grandi dans l'Oise au sein d'une famille guadeloupéenne, revendique son identité antillaise et ambitionne de mieux faire connaitre la culture de nos territoires à travers ses créations. Son "show" est prévu à 17h40 ce samedi, dans le 9e arrondissement, et la pression monte à quelques heures de l'événement.

J'ai très peur, en fait j'ai très peur que ça ne plaise pas aux gens et j'appréhende beaucoup. Surtout à Paris, la dernière fois que j'ai fait un événement c'était à Amsterdam, où je vivais avant, là on monte d'un échelon. C'est la "vraie" mode on va dire, il y a des gens qui sont connaisseurs, donc aussi très critiques, donc j'ai hâte et en même temps, j'ai peur. 

Fabien se voit dans ce monde de la mode tel un ambassadeur d'une identité, il qualifie sa marque de "poésie caribéenne", concept qu'il explique comme la fusion entre ses origines et sa dimension internationale, lui qui a vécu à Amsterdam, Paris et désormais Milan. 

C'est raconter ma petite histoire personnelle, un enfant qui a grandi en France mais qui a été baigné dans la culture antillaise, j'ai aussi fait de la danse traditionnelle, donc j'essaye de combiner tout ce monde folklorique caribéen et ce que je vis actuellement.

Car cette facette des Antilles françaises, Fabien en est fier, sa dernière collection s'appelle "Véyé", en créole, et il espère imposer ce style dans un domaine où il n'existe que trop peu.

Par exemple, il associe sur les podiums des cheveux crépus sur des chaussures en contre-pied à certains rites funéraires et procédures de deuil qui consistaient à prélever les cheveux du défunt. Il se dit inspiré par le territoire de ses origines. 

La Guadeloupe j'y vais tout le temps. L'année prochaine je dois y aller trois fois. J'aime beaucoup les formes, les couleurs et les textures et en Guadeloupe, on en trouve beaucoup, donc c'est très inspirant pour moi. Mon premier rêve serait de mettre les Antilles françaises plus en avant, la Guadeloupe comme la Martinique. Mon deuxième rêve serait de devenir directeur artistique d'une grande maison pour allier la création et avoir ma propre marque. 

Ambitieux et ancré dans l'identité antillaise, Fabien Zou incarne l'esprit qui anime toute une génération de créateurs issus de nos territoires prêts à faire rayonner les richesses de ces îles. La mode prend peu à peu des accents antillais.