[Série musique traditionnelle 1/5] La Biguine vit encore à travers des chanteurs passionnés
Dans le premier épisode de cette série sur les musiques traditionnelles guadeloupéennes, c’est la Biguine qui passe sous les projecteurs. Winny Kaona, l’héritière de la flamme de Moune de Rivel, célèbre chanteuse du genre, a accepté de nous raconter son histoire, et de nous emmener dans son monde.
Mélange de sonorités européennes et antillaises, la Biguine est jouée dans une alliance de flûte, violon, clarinette, guitare, banjo, saxophone, trompette et batterie. Cette musique s’accompagne d’une danse, aussi joviale qu’énergique.
Andrée Montchéry, aussi connu sous le nom de Winny Kaona, a toujours pratiqué le chant, mais ne l’a pris au sérieux que très tard : « à mon époque, je n’avais pas le choix, d’abord je devais réussir mes études, et puis la Biguine m’a rattrapée » se souvient-elle avec un grand sourire. En 1985, Winny a alors 34 ans, elle rencontre son idole de toujours, Moune De Rivel, pour la première fois :
Ce fût une chance de rencontrer dans mon parcours cette dame, raconte Winny, des étoiles plein les yeux, elle a fait de moi son héritière spirituelle
C’est après cela, qu’elle se plongera à fond dans la Biguine. Elle enchaînera des concerts, notamment un en 1994, dans lequel Moune De Rivel, son idole, lui confiera la responsabilité de faire vivre sa musique : le concert « rencontre entre la biguine d’hier et d’aujourd’hui ». En vingt ans, elle publiera aussi 5 ouvrages sur la Biguine et ses origines, et produira 12 albums musicaux, dont un en hommage à Moune de Rivel.
Cela fait maintenant une quarantaine d'années que la Biguine, un style pourtant traditionnel et ancien, l’accompagne dans sa vie, « c’est mon identité totale, je vibre de tout mon soûl lorsque j’en entends » relance-t-elle. C’est ainsi que Winny Kaona s’est installé comme la doyenne de la biguine après Moune de Rivel. Mais peu à peu, le style s’essouffle, la jeunesse ne s’y intéresse plus, et préfère danser sur des musiques plus récentes, comme le Dancehall ou le Zouk.
« L’héritage est encore là »
Winny Kaona n’a pas dit son dernier mot, « la Biguine vit encore, beaucoup des chansons d’aujourd’hui s’en inspirent » insiste-t-elle. La chanteuse, dans un élan conservateur, a décidé de créer un nouveau style de musique, alliant le dance hall… et la biguine ! Étant étrangère au second style, elle décide de se tourner vers Misié Sadik : « Les jeunes n’écoutent plus la Biguine originale, c’est pour ça que je me tourne vers ce style plus moderne » continue-t-elle. Et ce nouveau style a été joué plusieurs fois sur scène, avec le chanteur, créant une ambiance qui rallie la jeunesse et les personnes plus âgées.
C’est à travers son association, l’ADMT( Association pour le Développement de la Musique Traditionnelle) créée en 2001, qu’elle réalise tous ses projets. Dont la création de la cérémonie de remise des trophées de la Biguine, organisée pendant 6 ans, et dont la dernière édition fût l’année dernière, « cet évènement récompensait les jeunes écoliers pour leurs créations dans la Biguine, chaque année, c’était des dizaines d’écoles qui participaient » raconte Winny Kaona avec fierté.
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À ECOUTER Le reportage de Yohan Lopez
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