[PORTRAIT 1/5] Michael Flessel perpétue le savoir-faire artisanal des balais traditionnels

À chaque commande, Michael Flessel s'installe sur sa terrasse en bord de route pour fabriquer les balais an tan lontan. Patiemment et avec précision, Michael Flessel, assemble et enroule les feuilles de latanier autour d'un bâton en bois découpé quelques jours auparavant. 

Son père en fabriquait plus jeune, mais il ne s'est jamais vraiment intéressé aux techniques qu'il employait. En 1963, Michael quitte l'Hexagone et s'engage dans l'armée. Il y occupera le poste d'opérateur radio. La transmission d'informations en morse, c'est son dada.

Après une carrière bien remplie dans l'armée, il prend sa retraite et entame plusieurs vies professionnelles : moniteur sportif, éducateur spécialisé et même propriétaire d'un bar de nuit.

Rien ne prédestinait Mike Flessel à fabriquer ces balais 

En 2004, sa mère lui demande de rentrer le temps de régler un problème familial. Ce qui n'était censé être qu'un séjour court se transforme finalement en une installation définitive. Un jour, alors qu'il discute avec sa mère, il lui demande, sans idée en tête, comment son père décédé fabriquait les balais. Sa mère lui détaille les matériaux nécessaires et lui explique vaguement la technique d'assemblage.

Un an plus tard, Michael Flessel commence à fabriquer ses premiers balais. Au fil des années, il peaufine sa technique.

Le balai traditionnel est un balai qui dure dans le temps mais pour que ce soit le cas, il est important que le serrage soit correctement effectué. Michael Flessel fait quelques entorses au savoir-faire ancestral en y ajoutant de la ficelle blanche, ce qui donne un coup de jeune à ces balais an tan lontan et un twist moderne.

La confection est bien sûr une étape importante mais la collecte des feuilles de latanier et leur séchage conditionnent énormément la qualité finale.

Le bouche à oreille fait le reste

Il propose à une connaissance qui dispose d'une grande propriété remplie de lataniers de conclure un contrat. Il récupère les feuilles de latanier et, en échange, il lui confectionne un balai puis avec les années, des lataniers contre rétribution.

Sa technique confirmée, ses premiers balais solides, il charge ses premiers stocks dans son 4x4 et s'installe un espace de vente improvisé à la baie du Moule. Le bouche-à-oreille fait le reste. Sa petite entreprise est lancée. Jusqu'à aujourd'hui, Michael Flessel ne considère pas cette activité comme une entreprise, c'est un loisir dont il s'est épris. En 2019, une vidéo sur la chaîne Youtube "Une Histoire lokal" lui offre une visibilité supplémentaire. Les commandes affluent.

Une transmission assurée

Depuis quelques mois, des soucis de santé ne lui permettent plus de collecter les feuilles et les tiges d'arbustes. Mais, grâce à la providence, un jeune homme qui est devenu son apprenti s'en occupe. Michael Flessel a à coeur de transmettre ce savoir-faire pour qu'il ne se perde pas. Tout ce qu'il a acquis comme connaissance, il lui transmet.

Âgé de 80 ans, Michael Flessel n'est plus inquiet, il sait que le flambeau sera repris par ce jeune homme.

A ECOUTER Le reportage magazine de Naïza Rippon