En commission sur les risques naturels, Daniel Gibbs juge sévèrement l'Etat et les ONG

Par 23/02/2024 - 13:46 • Mis à jour le 24/02/2024 - 08:48

L'ancien président de la collectivité de Saint-Martin s'est montré très critique envers l'action de l'Etat et des ONG après le passage de l'ouragan Irma. 7 ans après, de nombreux enseignements sont à tirer de cette expérience selon lui.

    En commission sur les risques naturels, Daniel Gibbs juge sévèrement l'Etat et les ONG

Dans le cadre de la commission d'enquête sur la gestion des risques naturels majeurs dans les territoires d'Outre-mer, une table ronde sur Saint-Martin et Saint-Barthélémy a été organisée ce jeudi à l'Assemblée Nationale. Services de l'Etat, président de collectivités et universitaires ont été entendus à tour de rôle.

Parmi les intervenants, l'ancien président de la collectivité de Saint-Martin, Daniel Gibbs. En évoquant l'après Irma, le cyclone qui avait dévasté l'île en 2017, il a notamment été critique sur la place insuffisante laissée aux élus locaux pour gérer la crise. 

Ce qui s'est passé par la suite, c'est que nous avons eu toute une aide administrative avec des sous, des préfets qui arrivaient les uns derrière les autres, qui restaient pendant une période de quinze jours, parfois trois semaines, qui étaient changés par la suite par d'autres préfets. Ce qui fait qu'on avait des personnes qui n'avaient pas nécessairement la connaissance du territoire, qui n'avaient pas nécessairement la connaissance de la population, la connaissance des modes de fonctionnement sur le territoire. Ça a occasionné des schémas qu'ils reprenaient d'ailleurs de leurs régions de fonctionnement, de ce qui se passait ailleurs. Et on faisait un duplicata à Saint-Martin. Ça ne fonctionne pas comme ça et on l'a vécu en live. Ce qui a aussi manqué, c'est de donner un peu plus l'initiative aux élus de ces collectivités qui connaissent leurs territoires, qui connaissent leurs populations, qui connaissent tous les méandres et les aspects de l'île.

Daniel Gibbs s'est aussi montré sévère sur l'action des ONG au moment de la crise

Je crois que dans toutes les enquêtes, dans toutes les missions, on n'en a pas assez parlé. Moi, c'est une des premières choses qui m'a choqué et qui m'a surpris dans leur fonctionnement. Alors oui, quand on est en détresse, on a envie de toute l'aide possible. Mais pas n'importe quelle aide, pas n'importe quel moyen pour venir planter un drapeau en disant je suis telle organisation, j'ai amené tant de temps. C'est un foutoir, c'est une désorganisation complète et c'est plus néfaste que prolifique. Et il y a certaines organisations qui ont très bien fonctionné, qui sont restées d'ailleurs très longtemps, des organisations non gouvernementales reconnues. Je pense que l'Etat, là, a son rôle puisque ces organisations ont des autorisations de l'Etat pour venir sur nos territoires et qu'il faut que ça soit beaucoup plus filtré. Parce que quand vous avez des organisations gouvernementales qui arrivent sur vos territoires avec leurs règles, avec leur façon de fonctionner parce qu'il faut qu'elles publient pour avoir les dons, pour avoir tout ce qu'il faut et donc doivent justifier de quelque chose, eh bien, vous désorganisez un système qui est déjà mis en place

A noter que ce même jour, la commission a auditionné l'actuel président de la COM de Saint-Martin, Louis Mussington mais aussi les pompiers, les gendarmes et des représentants de l'Etat. 


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