L’ANSES dévoile les résultats de son expertise limitant l’exposition au chlordécone
Il est possible de réduire l’exposition alimentaire au chlordécone grâce à des pratiques efficaces. C’est ce que révèle une expertise de l’ANSES publiée ce mardi 6 décembre.
En 2007 l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) avait émis un certain nombre de recommandations permettant de réduire le taux de chlordécone dans le sang. Celles-ci ont été suivies par les trois quarts de la population martiniquaise et guadeloupéenne. Après 15 ans d’analyse, les experts confirment que les risques de contamination peuvent être réduits, notamment en privilégiant un circuit alimentaire encadré par l’autorité sanitaire.
Quelles pratiques pour réduire la contamination ?
Julien Jean, coordinateur de l’expertise sur le chlordécone à l’ANSES, donne des précisions sur ces recommandations :
Première chose, limiter à quatre fois par semaine la consommation des produits de la pêche qui proviennent des circuits courts. Parce que c'est surtout ces produits de la pêche qui sont les plus contaminés. Pour ce qui est des produits de la pêche en eau douce, il ne faut pas consommer ceux qui viennent des zones d'interdiction de pêche. Et par rapport aux racines et aux tubercules, il faut limiter à deux fois par semaine sa consommation de ceux qui sont produits dans les jardins familiaux, notamment en zone réputée contaminée. Tous les autres fruits et légumes issus de ces potagers peuvent être consommés sans limites, c'est vraiment les racines des tubercules.
Ce sont 3 principales recommandations principalement déjà connues, la nouveauté de l’expertise de l’ANSES réside dans le fait qu’il est « nécessaire de suivre les trois recommandations ensemble », selon Julien Jean, coordinateur de l’expertise.
C'est ça qui permet et qui garantit d'avoir des apports en chlordécone énormément diminué. La deuxième façon de maîtriser en fait ses apports en chlordécone dans son assiette, c'est d'agir sur les aliments qu'on produit chez soi, surtout les œufs. Parce qu'on a fait un constat dans notre expertise, c'est que quand on habite dans une zone réputée contaminée, la consommation des œufs qu'on produit chez soi contribue fortement à l'exposition au chlordécone.
Un aliment à forte teneur en chlordécone
L’œuf est considéré comme un aliment qui concentre beaucoup de chlordécone. Il est fortement conseillé « de limiter cette contamination simplement en étant attentif à la façon dont on élève et on nourrit ses poules ». À savoir, en les isolant des sols qui peuvent être contaminés et aussi en faisant attention à la façon de les nourrir. Il faut donc éviter de leur donner des épluchures de légumes racines ou les carcasses des crustacés mangés.
L’ANSES attire aussi l’attention sur la nécessité de renforcer l’adhésion au programme des jardins familiaux, dit JAFA. Ces programmes pilotés par les agences régionales de santé permettent notamment de vérifier la concentration en chlordécone du sol. De nouvelles études de l’agence sont en cours. Elles permettront d’apporter des données plus récentes et complémentaires.
À noter que ces résultats arrivent deux semaines après le Parquet de Paris a requis un non-lieu dans le dossier pénal du chlordécone.