Des avancées importantes sur la transformation et la valorisation des sargasses
11 projets de recherches impliquant des chercheurs des Universités des Antilles et de la Guyane et d’autres laboratoires ont été restitués cette semaine lors d’un séminaire en Guadeloupe. Les résultats sont prometteurs.
La recherche sur les sargasses avance. Des découvertes sur les caractéristiques de cette algue et ses potentielles propriétés ont été présentées à l'hôtel Salako, au Gosier.
Au total, 11 projets de recherches sur les sargasses menés par des consortiums d’équipes internationales composés de nombreux chercheurs de l'Université des Antilles et de la Guyane ont été restitués lors d’un séminaire cette semaine.
Face à l'échouage massif et récurent des sargasses, la Région Guadeloupe avec les collectivités territoriales de Martinique et de Guyane, ainsi que l’ADEME, les agences de recherche brésiliennes FAPEPS et FACEPE, en partenariat avec l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), ont lancé le 20 février 2019 un appel à projets de recherches, de développement et d’innovation internationale sur le sujet des sargasses : « AAP Sargassum ».
Transformation en charbon actif
Parmi ces travaux de recherches, le projet Pyrosar avait vocation à étudier l'efficacité de la transformation des sargasses en charbon actif. De nombreuses avancées ont été réalisées en 3 ans. Sarra Gaspard, professeur de chimie à l'université des Antilles et chef d'équipe du projet Pyrosar, les détaille.
Il y avait plusieurs équipes. Dans ce projet, ce qu’on a pu démontrer, c’est qu’on peut faire des charbons actifs à partir de sargasses. Et qu’ils peuvent limiter le transfert de pesticides vers les animaux d’élevage et les plantes. On a démontré que ces charbons actifs ne montrent pas de toxicité quand ils sont incorporés au sol. Ils limitent les quantités d’azote. On a une croissance des plantes normales. Il faut faire un lavage des sargasses très poussé avant
Des biopesticides
Parmi les autres découvertes réalisées, celles issues du projet Sartrib consacrées à la valorisation des sargasses. Elles laissent entrevoir des applications dans le domaine agricole.
Pour l'instant, il ne s'agit que de premières données mais, selon Thierry Césaire, maître de conférence en physique et chef d'équipe du projet Sartrib des chercheurs de Toulouse, de Clermont-Ferrand, elles sont prometteuses.
En étudiant les sargasses, on s’est rendu compte après pyrolyse qu’elles avaient des propriétés particulières. La pyrolyse a révélé de nouvelles propriétés bactéricides et biocides, qui pourront en faire de très bons biopesticides. C’est une découverte non prévue au départ
Partenariats renforcés avec l’Agence Nationale de la Recherche
Pour poursuivre la recherche sur les sargasses, la Région Guadeloupe et l'Agence nationale de recherche ont renouvelé leur partenariat en signant un nouvel accord-cadre de coopération d'une durée de 3 ans. Celui-ci vise à structurer et accompagner les équipes de recherches.
Marie-Luce Penchard, vice-présidente de la région Guadeloupe et présidente de la commission Économie recherche et développement économie sociale et solidaire, précise les enjeux de ce partenariat renouvelé
Nous sommes sur une enveloppe de plus de 8 millions d’euros, réservée dans le cadre du programme opérationnel Feder. En plus de cela, il y a un certain nombre de dispositifs mis en place par la Région, au travers du chèque inniovation. Et on doit pouvoir faire une très bonne articulation entre les aides mobilisées par l’ANR, ce qu’on peut mobiliser au titre de l’Europe et ce que la Région alloue sur ces fonds propres
L’association entre la Région et l’Agence Nationale de la Recherche est nécessaire selon Thierry Damerval, le président-directeur général, afin de consolider tous les projets lancés et poursuivre la structuration du secteur sur l'archipel.
Le contenu de l’accord, c’est de travailler ensemble pour soutenir le développement de la recherche et de l’innovation. La Guadeloupe a été la première région avec laquelle nous avons eu un partenariat, nous allons le renforcer. Notre rôle, c’est d’apporter une assistance dans les appels à projets et de soutien à la recherche que la Région organise. C’est de renforcer la présence des équipes de Guadeloupe dans les projets que nous finançons. Et, enfin, c’est d’organiser, comme on l’a fait pour chlordécone et sargasses, des appels à projets spécifiques qui répondent à des problématiques spécifiques des territoires
En Martinique aussi, la Collectivité Territoriale et l’ANR ont renforcé leur collaboration cette semaine, en signant une convention.