Le journal manuscrit de Victor Schoelcher acquis par un couple de mécènes de Guadeloupe

Par 27/04/2023 - 14:44 • Mis à jour le 27/04/2023 - 15:14

Pierre et Corinne Sainte-Luce, médecins, entrepreneurs et auteurs, mais aussi membres fondateurs de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, ont récemment acquis ce journal vieux de 153 ans pour le rendre accessible à tous.

    Le journal manuscrit de Victor Schoelcher acquis par un couple de mécènes de Guadeloupe
Ouvrage manuscrit de Victor Schoelcher.

Ils ont choisi de communiquer à l’occasion de l’anniversaire du décret d’abolition de l’esclavage, ce 27 avril. Pierre et Corinne Sainte-Luce, un couple d’entrepreneurs guadeloupéens, ont récemment fait l’acquisition du journal manuscrit de Victor Schoelcher, vieux de 153 ans. Il sera bientôt mis à disposition du public par plusieurs biais.

Corinne et Pierre Sainte-Luce avec Ayo Tometti, co-fondatrice du #Blacklivesmatter aux Etats-Unis

« Ce journal appartenait à la société française Aristophil qui n’existe plus. Elle possédait des documents du patrimoine écrit. Grâce à la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage (FME) dont notre famille est membre fondateur, nous avons eu connaissance de la vente aux enchères de ce manuscrit à Drouot. Le 10 novembre 2022, notre fille, Marion, qui vit à Paris, a procédé à la montée des enchères que nous suivions au téléphone depuis la Guadeloupe, jusqu’à l’acquisition », décrit Pierre Sainte-Luce.

Dimension mémorielle

Rédigé pendant les 20 dernières années de sa vie, le journal de Victor Schoelcher détaille ses activités, rencontres et pensées de 1870 à 1893. Dans 170 pages de feuillets manuscrits et de collages de coupures de presse, l’auteur revient sur son engagement en faveur de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises et sur sa carrière politique, notamment sous la Seconde République. «  Outre sa dimension mémorielle, un tel témoignage est une source inédite d’informations sur sa personnalité, sur la vie politique française et sur les rapports noués avec l’outremer au XIXe siècle », indique encore Pierre Sainte-Luce, co-acquisiteur du journal.

Ouvrage manuscrit Victor Schoelcher

C’est en 1870, que Victor Schoelcher revient en France à la suite de la défaite de Sedan, après de nombreuses années en exil en Angleterre. Après l’abdication de Napoléon III, il est réélu député de la Martinique à l’Assemblée nationale de 1871 à 1875. En décembre 1875, il est élu sénateur inamovible par l’Assemblée nationale jusqu’à sa mort le 25 décembre 1893 à l’âge de 89 ans, à Houilles dans les Yvelines.

Ouvrage numérisé et partagé

Après sa numérisation, le manuscrit aura vocation à être en dépôt dans un centre de conservation de la Guadeloupe. Ses possesseurs tiennent au partage des données numériques : « Je crois qu’un journal de cette nature doit être mis à la disposition du public et servir aux travaux des historiens qui ont besoin d’accéder aux sources premières pour bien effectuer leur travail d’analyse  », estime Pierre Sainte-Luce. Ce document enrichira aussi un patrimoine documentaire auquel les chercheurs en sciences sociales sont attachés. « Nous l’avons présenté au représentant du gouvernement et aux membres du Conseil d’Administration de la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage. Ils vont le porter pour que les historiens s’en emparent  ».

Ouvrage manuscrit de Victor Schoelcher

La famille Sainte-Luce s’implique dans les enjeux patrimoniaux et culturels sur de nombreux fronts. Outre l’achat et la protection de sites anciens, c’est à travers leur entreprise, le groupe Manioukiani, que ses membres œuvrent. « Nous avons à cœur de montrer à nos collaborateurs l’importance de ces sujets  », explique le président du groupe, Thomas Sainte-Luce. « Nous devons regarder notre histoire avec lucidité et nous projeter vers un monde de fraternité. C’est surtout notre contribution à la Culture vis-à-vis du plus grand nombre : notre famille bien sûr, mais aussi nos salariés, les habitants de la Guadeloupe, la Martinique, de la Guyane et de la Réunion.»

 


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