Le jazzman Franck Nicolas en grève de la faim

Par 25/04/2018 - 13:39 • Mis à jour le 18/06/2019 - 13:40

Perte de son statut d'intermittent, manque de considération pour sa musique...l'artiste a décidé d'agir pour montrer son ras-le-bol

    Le jazzman Franck Nicolas en grève de la faim

"Tout ce que j’ai essayé n’a pas marché alors comment faire ? Une grève de la faim c’est peut-être radical mais il faut que les choses bougent à un moment !", explique Franck Nicolas, joint par RCI Paris.

Le musicien guadeloupéen a publié un long message sur sa page Facebook, relayé plusieurs milliers de fois depuis hier, où il exprime son exaspération. 

D'abord parce qu'il a perdu son statut d'intermittent. "J’étais déclaré et je travaillais avec une association que le Pôle Emploi a contrôlé, raconte le jazzman, et il a décidé que l’association n’était pas viable par rapport à des irrégularités donc que tous les cachets des musiciens n’étaient pas valables". La conséquence est lourde : "J’ai perdu la moitié de mes cachets et donc n’ai pas pu faire mes heures pour avoir le statut d’intermittent du spectacle. En 20 ans, c’est la première fois que ça m’arrive ! Financièrement, c’est vraiment la galère, comme en plus je ne joue pas trop en ce moment car je n’ai pas pu sortir de disque…", déplore Franck Nicolas, qui enseigne aussi dans une école de musique de Montpellier.

"On est bloqués, on se heurte à des murs"

Autre raison de sa colère : le manque de considération pour le jazz antillais. "Je veux pousser un coup de gueule par rapport à la discrimination que nous subissons, nous musiciens de Martinique ou de Guadeloupe qui faisons du jazz avec nos racines profondes". Gwoka, Conque, biguine... "On est bloqués, on se heurte à des murs", regrette le musicien. "On essaie de présenter notre travail aux programmateurs de festivals mais c’est toujours cette réflexion qui revient, 'ce n’est pas du jazz'...c’est grave ! Le jazz s’est toujours mélangé, il a évolué à travers les époques ! Prenez Miles Davis par exemple, il a tellement changé la musique".

L'immense vague de soutien sur les réseaux sociaux -une cagnotte en ligne a aussi été lancée pour le soutenir- a "surpris" Franck Nicolas et le jazzman espère que cela pourra l'aider dans son combat. "J'avoue que je ne m’y attendais pas et tant mieux si ça touche les gens, cela peut présager des choses pour l’avenir de cette musique", espère-t-il, misant sur une réaction des institutions et du gouvernement. "Nous on veut s’exprimer avec notre art car on y croit, on a la foi !"