7 questions pour comprendre les enjeux de la consommation locale

Il n’y a pas de cadre géographique strict qui définisse ce qu’est un produit local dans la loi française. Sur nos îles délimitées, de fait, par de l’eau, la question géographique semble plus évidente. Le produit local est celui qui, comme nous aimons à le dire, vient de chez nous. Mais est-ce toujours le cas et à quoi faut-il rester attentif ? Réponse à sept questions qui aident à mieux comprendre ce qu’est un produit local.

C’est quoi un produit local ?

Le local, à priori, fait uniquement référence à notre environnement proche. Et pourtant, qui dit produit local ne dit pas systématiquement produit 100% local, c’est-à-dire dont tout le cycle de production a été effectué dans un espace proche. Un produit peut être estampillé local dans plusieurs situations. Il y a le cas où la matière première est importée mais transformée ici et devient par le processus de transformation agroalimentaire un produit local. Autre subtilité, un produit peut pousser ou être élevé localement à partir de produits importés et devenir un produit local. Par exemple, des graines importées et plantées sur nos terres font un produit local. Un œuf importé et dont l’animal naît et se développe également chez nous, est également un produit local.  

Pourquoi consommer local ?

Qu’il s’agisse d’un produit transformé, élevé ou directement produit sur place, la notion de produit local implique néanmoins à chaque fois un rôle dans l’économie locale différent de celui d’un produit d’importation qui lui n’est créateur d’emploi et de richesse que dans le cadre de la chaîne de distribution. À priori, un produit estampillé local est donc toujours bénéfique pour le territoire, car il permet à ce dernier de se diversifier économiquement, une logique qui participe aussi au développement de l’autonomie alimentaire. Ensuite, le produit local répond à des normes de production françaises, généralement plus strictes qu’à l’étranger, notamment en ce qui concerne l’utilisation de produits chimiques. Enfin, les produits locaux peuvent également mettre en avant un savoir-faire local, qui se trouve ensuite valorisé.

Un produit local est-il meilleur pour la santé ?

Plus un produit est local et plus il est frais. Plus un produit est frais et plus il conserve ses vitamines et autres apports nutritifs. D’autre part, le fait d’avoir moins de distance à parcourir fait qu’un produit local ne nécessite pas les mêmes doses de conservateurs pour arriver sur son lieu de consommation.

Tous les produits que l’on trouve au marché sont-ils des produits locaux ?

Pas nécessairement, les marchands peuvent produire eux-mêmes leurs produits tout comme ils peuvent également être des revendeurs. Dans ce cas, la qualité et la provenance du produit en question ne sont pas toujours certifiées.

Comment être sûr qu’un produit est local ?

Certains labels existent sur nos îles pour mieux informer les consommateurs. En Guadeloupe la charte « natirel péyi » propose des paniers d’aliments produits selon la méthode du jardin créole. Les magasins Carrefour Destreland & Contact, de Guadeloupe ont depuis 2016 mis en place la marque Produit d’ici afin d’offrir davantage de visibilité aux produits locaux. La Guadeloupe toujours, a mis en place le label « Môso tè La » pour également garantir la qualité des produits agricoles. En Martinique, un label Zéro Chlordécone atteste de produits issus de terrain normalement testés pour ne pas contenir de chlordécone. La Martinique dispose aussi du label Cœur Martinique qui valorise plus généralement les produits locaux.

Peut-on consommer local malgré la présence de chlordécone ?

Le chlordécone ayant contaminé directement les terres, ne serait cependant pas une raison de penser que tout ce qui pousse en Martinique et en Guadeloupe est contaminé par cette même molécule. La partie la plus sensible au chlordécone d’un produit maraîcher est celle qui est le plus en contact avec la terre. Ainsi, dans le principe, plus le végétal pousse en s’éloignant du sol, sous-entendu, plus sa tige est longue et moins il sera contaminé. L’ARS*, a classé les produits maraîchers en trois catégories : peu sensibles (banane, et de façon plus générale les fruits provenant d’arbre), intermédiaires (laitues, cives, ou encore le bas des tiges de canne à sucre) et sensibles (les racines et tubercules). Concernant les viandes, tout comme les humains, les animaux absorbent la molécule de chlordécone si le terrain sur lequel ils vivent et/ou si la nourriture qu’il mange est contaminée.

Pour les poissons, le principe est le même. Comme le précise l’ARS, selon les études menées depuis 2008, les niveaux de contaminations de la faune marine, comprenant poissons, crustacés et mollusques, est extrêmement variable. Celle-ci dépend de « la nature de l’espèce et leur mode de vie, mais aussi au sein d’une même espèce, en fonction de la zone de pêche.

*Agence Régionale de Santé

Est-ce possible d’avoir une consommation alimentaire 100% locale en Martinique ou en Guadeloupe ?

Tout dépend du régime alimentaire. En effet, consommer local nécessite, en fonction du régime alimentaire de base, quelques concessions pour la simple raison que tout ce qu’il est possible d’importer ne se fait pas forcément en local. A titre informatif, la Martinique importait en 2021 82% de denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac*, pour la Guadeloupe ce chiffre s’élève à 77% pour la même période. Il est cependant possible de trouver localement tous les aliments nécessaires à une alimentation équilibrée au quotidien, à savoir un apport en protéines (viande, poisson, fromage, œufs…), en légumes et en féculents (patate douce, igname, pomme de terre)

*selon le bilan économique de l’Institut National de la Statistique et des études économiques (INSEE) publié le 21/06/2022