Au procès de la Sodem, les élus se défendent et contestent la probité d'un expert

Par 03/05/2024 - 19:28 • Mis à jour le 04/05/2024 - 11:15

Les débats sont fournis et denses au tribunal judiciaire de Fort-de-France depuis ce matin. Plusieurs élus et administratifs doivent répondre d'irrégularité dans l'attribution des marchés de construction du TCSP.

    Au procès de la Sodem, les élus se défendent et contestent la probité d'un expert

C'est un procès très attendu qui se déroule depuis ce vendredi matin au tribunal correctionnel de Fort-de-France. Des chaises supplémentaires ont été installées en face des magistrats. En effet, la quasi totalité des prévenus a répondu à l'exception de Jean Crusol qui a été excusé par son avocat.

La matinée a démarré par les requêtes en nullité déposées par les avocats de la défense. Ils ont notamment contesté les dates des faits. L’ensemble a aussi pointé du doigt le choix d’un expert diligenté par le procureur de la République.

Mais avant d'entendre cet expert,  le tribunal a commencé à le voile sur cet épineux dossier financier. Face à la juridiction, les anciens présidents ou directeurs du Syndicat mixte du TCSP, les dirigeants de la Sodem ou certains cadres qui ont exercé des fonctions dans ce dossier à cette époque se sont exprimés.

Serge Letchimy face au tribunal 

La première personne à avoir pu prendre la parole fut Serge Letchimy. L'actuel président du Conseil Exécutif de la CTM s’est vite défendu en disant qu il ne comprenait pas sa présence à ce procès. Selon lui, il n'a jamais été signataire d'avenants pour la réalisation des travaux du TCSP. Il a également assuré que toute sa carrière il s'est toujours appliqué à respecter les règles des marchés, ajoutant qu'il respectait aussi la séparation des pouvoirs.

Louant la création du TCSP, Serge Letchimy a indiqué qu'à l'époque, il n'avait fait que donner son avis en tant qu'urbaniste sur les aménagements à suivre. Une vision partagée par ceux qui lui ont succédé à la barre. 

Autre témoignage remarqué durant la matinée, celui d'Auguste Arcade, ancien directeur de la SODEM, aujourd'hui liquidée. Il a précisé que la structure connaissait beaucoup de difficultés financières lors de sa prise de fonction. "J'ai passé mon temps à la redresser", a-t-il affirmé face à la cour.

Un expert contesté

L'après-midi a été consacré à l'audition d'un homme clé dans cette affaire. Il s'agit d'un expert auditionné sur le rapport qui a débouché sur toute cette affaire.

Pendant plus de trois heures et demie, il a dû répondre sur ce qu'il a pu relever sur cette affaire financière. Il avait jugé certaines pratiques irrégulières. Il considérait que les délais des marchés étaient dépassés ou encore que le nombre d'avenants qui avaient été utilisés pour construire ce TCSP était exagéré.

Les avocats de la défense ont tenté de mettre en lumière la partialité de cet expert. Les conseils des prévenus ont souligné qu'il siégeait aussi à l'époque aux côtés de ses élus et des cadres en tant que représentant du ministère de l'Économie.

Le fonctionnaire ne s'était pas confié à l'époque aux élus sur ses inquiétudes mais avait pourtant fait un signalement. À la retraite, il était revenu dans ce dossier en tant qu'expert à la cour. Inacceptable pour les avocats de la défense.

Interrogatoire contradictoire

Ces derniers ont épluché ce rapport d'une centaine de pages. Une lecture durant laquelle ils ont mis le témoin face à ces déclarations et ces irrégularités, à son tour.

Les réponses parfois un peu légères ou agaçantes de l'expert qui ont provoqué des réactions dans les rangs des prévenus. Didier Laguerre, maire de Fort-de-France, par exemple, n'a pas hésité à dire qu'il perdait son temps avec quelqu'un qui ne savait rien ou ne comprenait rien.

Tout au long des débats, l'expert-témoin a tenté en filigrane de démontrer que tout le fonctionnement autour de construction du TCSP reposerait sur une sorte de connivence entre ces ténors de la politique faisant partie d'une même alliance à l'époque. Une démonstration qu'a fermement condamnée l'avocat d'Anthanase Jeanne-Rose.

Les débats reprendront lundi dans ce procès qui ne compte aucune partie civile.

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