Alcools forts bannis de certaines soirées privées : la polémique sur fond de sécurité routière
28 morts depuis le début de l'année, la Préfecture durcit la politique sur la vente d'alcools forts dans les fêtes privées qui nécessitent une licence 4 temporaire. Des événements auxquels plusieurs milliers de personnes ont convergé.
Le 15 juillet dernier, Alex Accajou, DJ et organisateur de la très attendue soirée "Carré Blanc" a reçu un courrier émanant de la Préfecture de Guadeloupe. Suite à la déclaration de sa soirée annuelle qui a rassemblé le 10 août dernier jusqu'à 5000 personnes au Golf des Abymes, la réponse de la Préfecture a eu de quoi le surprendre car cette année, le Préfêt a décidé d'interdire la vente d' alcools forts (rhums, whisky, vodka) dans les fêtes privées qui demandent une licence 4 temporaire. L'autorité Préfectorale stipule un article du Code de la Santé Publique, L3334-1, selon lequel, les fêtes privées ne relevant pas "de l"autorité municipale", celles-ci doivent faire une demande à la Préfecture. Sauf que quand cette demande est formulée, le refus de vendre des alcools forts est enjoint au courrier de réponse. Aucune dérogation n'est permise ni aucune mise en conformité possible. Il s 'agit pour la Préfecture de frapper fort sur fond de chiffres de la sécurité routière catastrophiques: 28 morts depuis le début de l'année dont une dizaine durant les vacances scolaires.
Pour Alex Accajou, cette décision est incompréhensible, d'autant plus que cela a créé une tension sur son événement. Il est interrogé par Stéphanie Sérac
"On ne fait qu'appliquer la loi"
Virginie Kles, la Secrétaire générale de la Préfecture de Basse-Terre, indique que cette disposition est une loi que le Préfêt ne fait qu'appliquer. Sur le fait que le rhum soit interdit alors qu'il s'agit d'un produit local tandis que le champagne (alcool moins fort classé en catégorie 3) reste autorisé, interrogée, la fonctionnaire ne mâche pas ses mots :
Ainsi le vin, le champagne et les bières (catégorie 3) restent autorisés à la vente. Les alcools forts sont eux interdits. La Préfecture prévient qu'il n'y aura pas de dérogation possible:
Toutes les soirées privées n'ont pas ressenti les effets de cet arrêt immédiat de délivrance des licences 4 temporaires car certaines organisées dans des lieux détenant des licences 4 (boites de nuit et restaurants) ont pu vendre des alcools forts. L'avenir de ces événements sera sans doute de s'associer avec des établissements de nuit détenteurs de ces fameux documents. A rappeler que certains avaient eu à se plaindre de cette concurrence de ces débits de boissons temporaires.
Carré Blanc, chiffre d'affaire dans le rouge
Sans le rhum, de plus en plus consommé, la soirée Carré Blanc a, selon son organisateur réalisé un chiffre d'affaires inférieur de 30%. "C'est énorme", ponctue Alex Accajou, selon lequel ces mauvais résultats financiers pourraient le forcer à réviser la configuration de l'événement
L'organisateur des soirées Carré Blanc, indique qu'il organise déjà dans le souci de la prévention routière un service qui permet de raccompagner chez eux les usagers trop alcoolisés pour reprendre le volant en leur confisquant les clés de voiture et en les faisant raccompagner par un tiers. En 15 ans, "nous n'avons jamais eu de problème", indique Alex Accajou qui avec deux autres organisateurs de ces soirées privées préparent un argumentaire juridique afin de répondre à la Préfecture.