Un non-lieu requis après la tuerie à la préfecture de police de Paris par un Martiniquais

Par 23/10/2024 - 12:12 • Mis à jour le 23/10/2024 - 12:19

En octobre 2019, Mickaël Harpon avait tué quatre personnes au couteau lors d’une attaque au couteau. Le parquet national antiterroriste estime que l’assaillant radicalisé, abattu sur les lieux, n’a bénéficié « d’aucune complicité ».

    Un non-lieu requis après la tuerie à la préfecture de police de Paris par un Martiniquais
Mickaël Harpon avait été abattu le jour des faits

Un non-lieu a été requis dans l'attaque au couteau qui a fait quatre morts parmi les personnels de la préfecture de police de Paris (PP) en octobre 2019: aucune complicité n'a été établie dans ce dossier où l'assaillant, Mickaël Harpon, avait été abattu dans la foulée.

Sauf avis opposé des juges d'instruction, qui doivent aussi se prononcer, l'affaire ne devrait donc pas être jugée.

Le Parquet national antiterroriste (Pnat) a indiqué avoir demandé un non-lieu fin août, car « les investigations réalisées à la fois dans le cadre de l'enquête initiale et de l'information judiciaire n'ont révélé l'existence d'aucune aide ou complicité extérieure ».

Le mobile terroriste de l'attaque est « pleinement caractérisé », a estimé le Pnat, qui confirmait une information du Parisien.

Employé à la Préfecture de Paris

Le 3 octobre 2019, Mickaël Harpon, un agent de la PP employé à la très sensible direction du renseignement de la préfecture (DRPP), sème la terreur pendant la pause déjeuner dans le centre névralgique de la police parisienne sur l'île de la Cité.

En sept minutes, cet informaticien de 45 ans, en poste à la préfecture de police depuis 2003, tue au couteau deux policiers âgés de 38 et 50 ans, une policière de 39 ans, ainsi qu'un agent administratif de 37 ans.

L'homme, né en Martinique et qui résidait dans le Val d'Oise, en banlieue parisienne, s'était converti à l'islam depuis une dizaine d'années. Il avait deux enfants.

Juste avant les faits, il avait acheté deux couteaux, un de cuisine et un à huîtres, et cherché sur internet sur son téléphone « tuer des infidèles », d'après des éléments de l'enquête.

La veille de la tuerie, sa femme l'avait trouvé en train de pleurer et de prier dans leur salon. Au petit matin, il lui avait dit: « Allah m'a envoyé un signe dans la nuit. Protège les enfants », a-t-elle raconté au cours des investigations.

« Périple meurtrier »

Sa famille, ses collègues, des fidèles de sa mosquée, mais aussi des membres d'une association pour personnes malentendantes et d'un club de football ont été interrogés.

Plusieurs ont été placés en garde à vue, mais aucun poursuivi: après de nombreuses investigations techniques, les enquêteurs ont conclu que l'assaillant avait agi seul.

Dans son parcours, plusieurs « signaux » montraient sa « progressive radicalisation religieuse », d'après les réquisitions rendues le 29 août, dont l'AFP a eu connaissance mercredi.

Ainsi, ses collègues ont alerté leur hiérarchie car M. Harpon ne voulait plus faire « la bise » aux femmes.

L'un a aussi rapporté un échange où Mickaël Harpon aurait « banalisé » la mort des journalistes de Charlie Hebdo dans l'attentat de janvier 2015.

De manière générale, M. Harpon « s'énervait dès qu'il était question de religion » jusqu'à « mimer un geste d'égorgement », a déclaré une autre.

Pour le Pnat, M. Harpon avait "amorcé un périple meurtrier avec comme objectif de +tuer des infidèles+".

Négligences internes 

Après le drame, des négligences internes avaient été soulevées quant à ces signes de radicalisation et le ministre de l'Intérieur de l'époque Christophe Castaner avait admis des « failles ». 

Ses proches et collègues ont aussi confié un sentiment d'exclusion chez l'assaillant, atteint de surdité, qui racontait être victime de discrimination au travail.

Ainsi, si le mobile terroriste est « pleinement caractérisé », « d'autres considérations » sont « susceptibles d'avoir également motivé le passage à l'acte », a relevé le Pnat auprès de l'AFP.

Une cinquantaine de parties civiles sont constituées dans ce dossier, qui ne devrait donc pas donner lieu à un procès.

Me Pauline Ragot en représente une vingtaine. Si les réquisitions étaient « prévisibles », elles restent « très difficiles à vivre pour mes clients » : « il n'y a rien de pire pour des parties civiles frappées par un drame que d'être +privées+ d'un procès », a estimé l'avocate.


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