Journée « Martinique Morte » : grosses tensions au Carbet, mobilisation à Fort-de-France, zones bloquées
L’appel d’une trentaine d’organisations à une journée « Île Morte » a été relativement bien suivi ce mercredi (9 octobre). Au Carbet, l’installation de barrages a généré des échauffourées avec les forces de l’ordre.
Depuis 6 heures du matin, ce mercredi, plusieurs convois sont partis de diverses communes pour relier symboliquement Fort-de-France et la place de la Savane.
Lancé par une trentaine d’organisations, l’appel à une journée « Île Morte » a été relayé un peu partout.
Mais c’est au Carbet, où les commerces sont restés fermés toute la journée, que les esprits s''échauffent depuis ce matin.
Sur place, assez tôt, les manifestants ont d’abord installé plusieurs barrages.
Des entraves à la circulation, notamment des branchages, que les gendarmes ont retiré une première fois. Mais les personnes mobilisées sur place ont remis de nouveaux obstacles, obstruant à nouveau les voies de circulation.
Affrontements, gaz lacrymogènes et jets de pierre
La tension est montée d’un cran lorsque les gendarmes auraient tenté à nouveau de libérer la route. Des jets de gaz lacrymogènes ont alors été lancés et, en face, les militaires ont reçu des jets de pierre.
Au milieu d’eux, Jean-Claude Ecanvil, le maire, constate spectacle avec désolation, après n'avoir cessé de nouer le dialogue toute la matinée avec les gendarmes et les manifestants.
Ça a commencé par un barrage et puis ça s'est fini par des exactions de part et d'autre d'ailleurs, puisqu'il y a eu des violences, entre les coups de roche et les gaz lacrymogènes. C'est incompréhensible et ce n’est pas normal. C'est vrai qu'il y a une revendication légitime à la vie chère, mais c'est vrai qu'il y a aussi des négociations à avoir. Ce sont des négociations qui sont tendues mais nous ne devons pas céder à la violence.
Il confirme tout faire pour trouver une solution afin d'apaiser les choses.
J’ai essayé de négocier un passage pour les véhicules, parce que j'étais bloqué. Et puis, en échange, que les gendarmes n'interviennent pas. Ça a marché pendant un moment. Et puis après, ça n'a pas marché. Donc c'est malheureux. La ville du Carbet n'a pas l'habitude de voir des exactions de ce genre. Et c'est vrai que c'est malheureux pour notre ville et pour la Martinique
Le maire en appelle à « l’apaisement ». À 16h30, la situation reste très tendue sur place. Des gendarmes sont arrivés en renfort. Face à eux, les manifestants se disent « déterminés » à garder leurs positions.
Jean-Claude Ecanvil tente de dissuader une action des gendarmes, par la force, pour ne pas créer de nouvelles tensions. Il essaie aussi, en vain, de demander aux manifestants de lever les barrages.
Un peu avant 17h, les gendarmes tirent des grenades lacrymogènes et font évacuer la foule. Les manifestants se replient dans le bourg. Les gendarmes avancent.
Des poubelles sont incendiées sur la route principale. Le barrage principal, levé un temps, est réinstallé puis enflammé.
Pour Jean-Claude Ecanvil, consterné, c'est un spectacle de désolation dans sa commune. Il l'explique au micro de RCI, à Matteo Pasteau.
À ECOUTER Jean-Claude Ecanvil, le maire du Carbet
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Rassemblement Place de la Savane
À Fort-de-France, dans la matinée, les manifestants, tout de rouge vêtus, ont déferlé Place de la Savane, où ont eu lieu des prises de parole, notamment de Serge Aribo, le secrétaire général de l’UGTM.
Le chanteur Mali a fait le déplacement et explique la raison de sa présence.
C'est par rapport à tous les problèmes sociétaux que nous rencontrons en ce moment. Il y a une forme de violence qui est en train de s'installer, de se banaliser. On ne peut pas rester insensibles contre ça. Et voir des femmes se faire brutaliser, des personnes qui militent pour leur droit se faire brutaliser, c'est quelque chose que nous ne pouvons pas accepter. Donc nous sommes mobilisés contre cette injustice.
Il avoue qu’il aurait aimé davantage de monde mobilisé.
J'appelle les gens qui ont envie de faire les choses changer à aller sur terrain, à se mobiliser quand on le peut et le faire pacifiquement
La CGTM a concentré quant à elle ses actions à la zone de fret du Lamentin, la Zone industrielle de la lézarde et au niveau du Port où l’activité est au ralenti.
Seules les manœuvres manutentionnaires sont fonctionnelles. Aucune marchandise ne rentre ni ne sort et les livraisons sont suspendues depuis ce matin jusqu’à nouvel ordre, comme l’indique Karl Etifier, délégué syndical CMA CGTM.
On a eu une réunion vendredi matin et on a décidé qu’à partir de lundi, effectivement, tout sera bloqué. Mais ça n'a pas été le cas puisqu'à Mahault, il y a eu le grabuge, donc on a travaillé normalement. Sauf qu'effectivement, à partir d'aujourd'hui, nous ne faisons entrer ni sortir des conteneurs jusqu'à ce qu'on invite l'association en négociations pour éventuellement trouver une issue concernant cette grève-là. Mais je crois que les bateaux qui vont rentrer vont quand même travailler parce que si on ne travaille, les conteneurs vont repartir dans un autre port et pour les faire revenir, ça va encore coûter de l'argent. Du coup, on préfère encore travailler les bateaux.
Une 5ème table ronde sur la vie chère est annoncée ce jeudi (10 octobre) à la Collectivité Territoriale de Martinique.
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