Exploitation de la biodiversité : le CTE Biom est installé dans ses locaux provisoires

Le Centre Territorial d’Exploration de la Biodiversité de Martinique a été officiellement inauguré ce mercredi dans ses locaux provisoires au boulevard Pasteur à Fort-de-France. 

Un nouveau pas a été franchi dans le domaine de la recherche scientifique sur le plan local. 

Cet outil de la CTM, déjà opérationnel, a pour mission d'élaborer et développer des projets de recherches fondamentales tant sur la biodiversité végétale que marine afin d'apporter une véritable plus-value locale à toutes les actions de recherches scientifiques conduites en Martinique.

Emy Njoh Ellong, préfiguratrice du CTEBioM et docteur en pharmacologie, détaille l'organisation opérationnelle de la structure :

Pour le moment, nous sommes cinq. Moi, vous avez une ingénieure en cosmétique, vous avez deux techniciens, à la fois analytiques et un technicien de maintenance, et vous avez une gestionnaire administrative et financier. Nous attendons un chargé de mission génétique et génomique, l'apprenti dont je vous ai parlé, métier de la construction. Les deux thèses, ce sont des thèses de biosciences, de chimie et de génétique, et puis également des stagiaires. Nous avons beaucoup de demandes et nous invitons d'ailleurs tous les jeunes qui sont intéressés à nous envoyer leur CV, leur lettre de motivation. Nous cherchons, par exemple, des stagiaires en qualité, un stage de six mois que nous proposons dès janvier. Nous cherchons également des stagiaires en chimie, en biologie, etc

Un enjeu d'autonomie scientifique

Serge Letchimy, president du conseil exécutif de la CTM, livre quant à lui les grandes orientations stratégiques du centre territorial d'exploration :

Nous avons une richesse incroyable, c'est la biodiversité, la richesse biologique de la faune, de la flore. On nous a fait expliquer que c'est un exotisme et qu'à ce titre-là, il n'y aurait pas de valeur ajoutée à connaître, à protéger et à développer. Je rappelle que 80% de la biodiversité française se trouve dans les pays de l'outre-mer. Si nous sommes étrangers à notre propre richesse naturelle, ça devient extrêmement grave. Le problème, c'est que nous n'avons pas d'organisation complète en matière de connaissances scientifiques. Donc, cet outil qui s'appelle le Centre territorial d'exploration biologique de la Martinique, de la biodiversité de la Martinique, est une étape extrêmement importante en matière d'autonomie scientifique. Nous n'avons pas besoin d'aller à Bordeaux, Nantes ou ailleurs pour examiner une plante. Pour savoir si nous pouvons en faire un produit de beauté ? Est-ce que nous pouvons faire un médicament ?

Le pharmacien et ethno-pharmacologue, Emmanuel Nossin est le président du conseil scientifique du CTEBIOM. Il insiste sur l'enjeu de souveraineté que représente cette structure.

C'est quelque chose qui était attendu, demandé, souhaité depuis longtemps. Si on veut vraiment créer de la connaissance, il nous faut avoir un organisme qui crée de la connaissance. Le problème, c'est pas qu'il n'y a pas de chercheur ici, mais en fait, lorsqu'on fait de la recherche, il faut se poser les questions fondamentales: qui, cherche et quoi ? Alors qui ? Je ne vais pas nommer les organismes de recherche. La plupart sont partis en Guadeloupe, si j'ai bonne mémoire, depuis l'Institut Pasteur... On presse mon pays comme une éponge pour en extraire des formules de molécules qu'on va reproduire ailleurs. Qu'est-ce que gagne mon pays dans tout ça ?

Le CTE Biom s'installera définitivement dans des locaux neufs dans les années à venir à Mangot Vulcin au Lamentin.