A Capesterre-Belle-Eau, un rassemblement pour dire stop aux violences faites aux femmes
Mobilisation, hier (samedi 15 juin), à Capesterre-Belle-Eau des associations et des collectifs pour dénoncer les violences faites aux femmes. Un rassemblement en hommage à la dernière victime en date, une femme de 27 ans tuée par balle par son ex-compagnon.
Une cinquantaine de personnes étaient réunies, hier (samedi 15 juin), sur la place de la mairie de Capesterre-Belle-Eau, pour dire stop aux violences faites aux femmes. Au programme : prises de parole et minute de silence suivi d'un débat.
Cette manifestation, explique son organisatrice, Sonia Dériau-Reine du collectif « Koumbit Fanm Karayib », fait suite au féminicide qui a eu lieu le 28 mai dans la commune.
Pour rappel, ce jour-là, une jeune mère de famille avait été tuée par balles après une séparation difficile avec son compagnon. Ce dernier est actuellement en détention provisoire.
D’un point de vue plus global, ce genre de drame arrive trop souvent en Guadeloupe, d’où cette mobilisation, comme l’explique Sonia Dériau-Reine.
Nous avons laissé passer le temps du deuil pour la famille, mais, évidemment, il nous fallait réagir. Dans un premier temps, en publiant Notre colère, un texte qui dénonce les violences envers les femmes et en particulier les féminicides, ces violences qui peuvent aller jusqu'à la mort. Nous avons ressenti le besoin pour la population de Capesterre, mais aussi pour toutes les associations féministes, de se retrouver et de dire non, de crier notre colère. Nous allons redire que les violences à l'encontre des femmes, c'est stop. Il ne faut plus que ces violences s'exercent.
Patricia Braflan-Trobo, sociologue et auteure, qui participait à cette manifestation, regrette qu’on soit une fois de plus obligé de se mobiliser parce qu’en 2024, encore, on tue des femmes.
Parce qu'un homme a estimé qu'il n'avait pas à subir la séparation, donc elle est abattue. C'est inadmissible et les mesures de lutte contre ces violences sont trop insuffisantes.
Pour Patricia Braflan-Trobo, il existe des solutions.
Il ne faut pas qu'on arrête l'éducation. Il faut aussi que les hommes soient complètement impliqués dans cette démarche, qu’ils soient à nos côtés, que les hommes parlent aux hommes. On a toujours dit qu'il faut que les hommes raisonnent les hommes, que les artistes, que les auteurs, que toutes les personnes qui peuvent mettre leur voix au service de cette cause le fassent, parce que les hommes sont aussi des victimes des violences faites aux femmes. Parce que cette jeune femme qui a été tuée, elle avait certainement un frère, une sœur, des cousins, donc ils sont aussi victimes. Donc, il faut que tout le monde se mobilise contre cette violence et contre ces choses inadmissibles.
Pour Olivier Nicolas, premier secrétaire de la Fédération socialiste, les violences faites aux femmes est une cause importante. Et il faut, selon lui, libérer la parole.
Le pire dans les violences faites aux femmes, c'est qu'elles ne sont pas connues du public, elles sont en général cachées. Il faut justement réhabiliter la parole des femmes. Donc c'est très important d'être là aujourd'hui, aux côtés des femmes qui veulent porter cette cause. Et beaucoup d'hommes devraient être là pour porter cette cause. Aujourd'hui, qu'il y ait une réaction citoyenne, c'est nécessaire.
Pour Olivier Nicolas, il faut, aujourd’hui, un vrai plan de lutte contre les violences faites aux femmes.
Il faut de la prévention, il faut des explications, dès le plus jeune âge. Parce qu'en réalité, nous sommes les héritiers d’une société patriarchale. Il faut réintroduire une nouvelle échelle de valeur, qu’une politique éducative soit construite et les partis politiques, dont le mien, mettent ça au cœur de leur projet politique.