L'exposition « Tainos et Kalinagos des Antilles » au Quai Branly

Par 06/06/2024 - 13:44

L'exposition « Tainos et Kalinagos des Antilles » a ouvert ses portes ce mardi (4 juin) au musée du Quai Branly – Jacques Chirac, à Paris. Elle sera visible jusqu’au 13 octobre prochain.

    L'exposition « Tainos et Kalinagos des Antilles » au Quai Branly
Exposition Tainos et Kalinagos

Les Taïnos, dans les Grandes Antilles et les Kalinagos, dans les Petites Antilles, forment les deux peuples autochtones des îles Caraïbes « anéantis par la colonisation occidentale », selon les termes de l'exposition « Tainos et Kalinagos des Antilles », à partir de l'arrivée de Christophe Colomb en 1492.

André Delpuech, le commissaire de l'exposition, explique les difficultés, aujourd’hui encore, de connaître l’histoire de ces deux peuples.

Les conquistadors qui étaient là pour coloniser, pour chercher de l’or, se sont peu intéressés à la vie des populations qu’ils ont rencontrées. Et dans certains cas, comme dans les grandes Antilles, la culture Taïno, les habitants d’Haïti, Saint-Dominigue, Cuba ou Porto-Rico, a été littéralement détruite avant même que l’on ait pu recueillir les détails de leur mode de vie, de leur croyance. On a beaucoup d’objets, notamment ces fameuses pièces à trois pointes que l’on retrouve dans les Antilles, sculptées dans la pierre, dont on ne comprend pas la signification. Cela fait partie des limites de l’archéologie

expo france fine art

Concernant les Kalinagos, ils ont longtemps été considérés comme ayant disparu.

 Mais dans les coins les plus reculés de la Grande-Terre, ou de Marie-Galante, on peut observer la présence de villages avec des personnes se revendiquant Kalinagos jusqu’à la fin du XIXème siècle. Les études génétiques ou généalogiques montrent qu’il y a des descendants de ces gens-là, métissés, certes, mais qui ont une part de leurs ancêtres qui étaient amérindiens. Il y a aussi un héritage passé dans l’agriculture, dans les techniques de pêche, dans les plantes que l’on cultive, dans la pharmacopée et les soins, dans les mots, le vocabulaire… Il y a aussi cet héritage-là, qui s’est combiné parfois entre les esclaves marrons qui s’enfuyaient et les Amérindiens. Comme ça, est passé dans la culture créole, un certain nombre d’éléments de cette première société Amérindienne, les premiers Antillais, en quelque sorte

Dans une galerie du musée du Quai Branly - consacrée aux « Arts et Civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques » - on peut découvrir des cartes et des panneaux qui racontent l'histoire des Tainos et des Kalinagos mais aussi et surtout 70 œuvres, des objets, certains très ouvragés, à la signification et à l'utilisation mystérieuse, inexpliquée.

Deux peuples qui restent un mystère

Plus généralement, les Tainos et les Kalinagos (anciennement appelés Indiens Caraïbes ou Karib) restent un mystère. Même leur nom s'est perdu.

Ce sont les victimes d'une guerre coloniale méconnue : André Delpuech revient sur un épisode de cette guerre. Alors que la résistance Kalinago progresse, un traité de paix est signé en 1660, à Basse-Terre, en Guadeloupe.

Basse-Terre est depuis le début de la colonisation française en 1635 la capitale de la Guadeloupe et l’est restée. Dans le fort qui s’appelle aujourd’hui le fort Delgrès, mais qui n’était pas dans l’état où il se trouve aujourd’hui, en 1660, 15 chefs Kalinagos ont été invités à se rendre là pour discuter avec les représentants de la France et de l’Angleterre qui étaient dans la Région. Et ce traité, en réalité, les expulsait de l’ensemble des îles des Petites Antilles en leur disant, « Vous avez uniquement l’île de la Dominique et l’île de Saint-Vincent comme réserve. Malheureusement, comme souvent sur le continent américain, la Dominique et Saint-Vincent passaient aux mains des Anglais et ces traités étaient caduques.

Les artefacts et l'histoire des Tainos et des Kalinagos est à découvrir jusqu'au 13 octobre, au musée du Quai Branly, à Paris.

 


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