Violences sexuelles et conjugales : « un meilleur accueil dans les commissariats de police »
La semaine dernière, une enquête de l’Institut des Politiques Publiques révélait que de nombreuses plaintes pour violences sexuelles et violences conjugales étaient classées sans suite. En Martinique, ces chiffres sont contestés par les autorités judiciaires. À Fort-de-France, le commissariat de police a mis en place ces dernières années un dispositif spécifique pour l’accueil des victimes, ainsi qu’une brigade spécialisée.
La semaine dernière, une enquête de l’Institut des Politiques Publiques révélait que 86% des plaintes pour violences sexuelles et 72% pour violences conjugales étaient classées sans suite.
Selon les chiffres relevés entre 2012 et 2021, de nombreux signalements n’ont donné lieu à aucune poursuite judiciaire. Raison évoquée dans la plupart des cas : le défaut de preuves et le fait que ces violences soient, selon les magistrats, « insuffisamment caractérisées.
Une brigade spécialisée
En Martinique, ces infractions ont été prises très au sérieux, assurent les autorités qui contestent les chiffres annoncés au niveau national. Au sein de la Direction Territoriale de la Police Nationale (DTPN), une brigade spécialisée a été créée pour les violences faites aux femmes avec des agents formés pour recevoir les victimes.
Depuis 2021, le commissariat de police a mis en place un nouveau système d’accueil des victimes : le « tableau d’accueil confidentialité ». C’est ce qu’explique la commissaire divisionnaire Anne Le Dantec, cheffe de la police judiciaire à la DTPN.
Dès la prise en charge au commissariat, la victime peut être prise en charge en toute confidentialité. La victime montre une pastille qui montre qu’elle veut raconter son histoire à l’abri des regards. Pour tout ce qui est violences sexuelles et violences conjugales, la victime est prise en charge pendant les heures ouvrées par un groupe d’enquête spécialisé. Ces enquêteurs sont spécifiquement formés et, derrière, vont traiter le dossier de la victime. Les victimes peuvent aussi, bien sûr, aussi venir la nuit et le week-end et, derrière, les affaires sont traitées par ces groupes spécifiques.
En 2023, 728 ont été reçues et ont donné droit à des ouvertures d’enquêtes. Ces chiffres sont en augmentation de 6% par rapport à 2022.
Différentes prises en charge par la police
Pour la commissaire Anne Le Dantec, il existe différents types de prise en charge : « l’intervention à domicile sur une situation de violences conjugales mais on a aussi une enquête qui commence à partir de la plainte de la victime ».
Dans la majeure partie des cas, elle se présente au commissariat. Plus tôt elle vient nous voir, plus les éléments de preuves vont être faciles. On va avoir des preuves génétiques, des traces de coups. On a aussi des victimes qui ne sont pas prêtes à déposer plainte ou qui se rendent compte quelques années plus tard que ce qu’elles ont vécu n’est pas normal. Ce n’est pas pour ça qu’il ne faut pas pousser la porte du commissariat car on peut aussi trouver des preuves d’une autre façon
Selon l’association féministe Culture Égalité, les taux de violences en Martinique sont supérieurs à ceux de l’Hexagone, la parole se libère mais reste faible pour les violences conjugales et le taux de dépôt de plainte reste inférieur dans l’île. Il y aurait davantage de violences tues au sein des couples. En Martinique, 8 plaintes sur 10 sont classées sans suite selon l’association.
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On constate depuis plusieurs années une augmentation du nombre de plaintes pour ce type d’infractions », observe la commissaire Le Dantec.
Ce n’est pas forcément un phénomène qui augmente dans la société mais, en revanche, c’est souvent un phénomène qui est mieux révélé, avec plus de communication. Avant « Balance ton Porc », on a eu le Grenelle des violences conjugales qui a amené ce sujet-là sur le devant de la scène. On a aussi un meilleur accueil des services de police, qui fait que les victimes hésitent moins à pousser la porte des commissariats. On observe enfin une augmentation du nombre de signalements, de proches, d’institutions, qui traduit une moins grande acceptation de ce genre de faits dans la société.