Le « Dry January », un moment majeur pour les acteurs de la prévention

Par 03/01/2024 - 07:00

Les acteurs de la santé publique se réjouissent de l'engouement grandissant pour le « Dry January » même s'ils déplorent l'absence des pouvoirs publics.

    Le « Dry January », un moment majeur pour les acteurs de la prévention

De manière unanime, cette initiative est perçue comme positive. Passer un mois sans consommer de l’alcool, après les excès des fêtes, ne peut être que bénéfique. Une peau plus belle, un sommeil plus réparateur, davantage d’énergie, un mental plus fort sont autant d’effets positifs mis en avant.

Venu des pays anglosaxons, le « Dry January » s’installe dans les habitudes des Martiniquais… Un défi pour ceux qui sont bien décidés à laisser reposer leur foie et leur corps avant carnaval.

Pour les professionnels en addictologie, c’est aussi l’occasion de tester son rapport à l’alcool. Et de faire l’expérience d’un quotidien sans alcool.

Le « Dry January » soulage d’abord le foie. C'est ce qu'explique le docteur Louis-Léonce Lecurieux-Lafferronnay, chef de service d’addictologie au centre hospitalier de Saint Esprit.

Le foie est enflammé par l'alcool. Au fil du temps, si on lui envoie de l'alcool plus autre chose, comme des médicaments qui sont un peu toxiques pour le foie, une alimentation trop riche ou trop de boissons gazeuses sucrées, tout ça, crée des effets vicieux. C'est vicieux pour le foie. Le fait d'arrêter un mois, c'est déjà bien pour soulager le foie, l'idée à se détoxiquer. Et secondairement, voir comment son organisme réagit, si on fonctionne mieux sans le toxique. Le foie, c'est un organe qui peut se régénérer assez rapidement, même quand on l'opère, à condition que les tissus ne soient pas trop sclérosés

Arrêter l’alcool pendant un mois, c’est une manière de se tester, pour le Docteur Louis-Léonce Lecurieux-Lafferronnay

Le fait d'arrêter et de s'auto-examiner, de voir qu'on arrive à arrêter, c'est une bonne chose. Si on voit qu'on n'y arrive pas, ça veut dire qu'on a besoin d'être accompagné. Le fait de pouvoir être libre de s'abstenir, ça veut dire qu'on n'est pas dépendant. Si on perd cette liberté de s'abstenir, ça veut dire qu'on est devenu dépendant. C'est très important de savoir qu'on peut rester quelque temps sans boire de l'alcool. Ça veut dire qu'on a gardé la liberté de s'abstenir et donc qu'on n'est pas dépendant à l'alcool. C'est un défi à soi-même

Absence des pouvoirs publics

Pour Jean-Philippe Labry, éducateur de prévention au CMPAA - Comité martiniquais de prévention en alcoologie et addictologie, les bénéfices du « Dry January » sont multiples.

Ça nous permet de rafraîchir le corps, l'organisme humain, avec des bénéfices, par exemple, chez les femmes qui vont recevoir une peau plus fraîche, plus belle, un sommeil amélioré, donc plus léger, on va mieux se sentir, une économie d'argent et puis une meilleure santé, puisque la raie, durant un mois fait du bien considérablement au corps. Pouvoir se souvenir de tout ce qu'on a fait lors d'une soirée, etc. Et puis, il y a ce qu'il y a tout autour. Les problèmes d'accidents de la route, le fait de perdre son permis et bien entendu, le merveilleux sentiment de victoire et de fierté d'avoir participé à cette action et de pouvoir tirer plein de bénéfices pour soi-même et son entourage. Un mois sans alcool, je pense que beaucoup de Martiniquais peuvent essayer ça

Jean-Philippe Labry déplore l’absence des pouvoirs publics dans cette action, qui est portée essentiellement par des associations.

Je pense que celle-là, c'est une campagne qui mérite vraiment d'être poussée en avant. C'est vrai que si l'Etat met la main dedans, ça va peut être mieux marcher. Des mairies participent et ont même poussé des entreprises à participer à ce mois sans alcool

Une absence des pouvoirs publics que Jean-Philippe Labry lie au poids économique de l'alcool.

Il ne faut pas oublier qu'il y a un lobby alcool qui est énorme. L'alcool est un produit qui rapporte beaucoup. Malheureusement. Aujourd'hui, je pense que notre gouvernement ne sait plus trop quoi faire parce que derrière tout ça, il y a quand même des gens extrêmement importants. Quand on regarde par exemple la loi Evin, comment elle est peu respectée. Si on regarde ici à la Martinique, on voit un panneau de publicité alcool au moins tous les 100 mètres


Tags

À lire également