La soup joumou, symbole de liberté pour la communauté haïtienne
La gastronomie haïtienne était à l’honneur en Martinique, hier (lundi 1er janvier), pour célébrer les 220 ans de l’indépendance d’Haïti.
L’association Amitié Caraïbe Amériques (AmCaAm) proposait, hier (lundi 1er janvier), une distribution gratuite de soup joumou, la soup lendependans ayiti dont l’ingrédient principal est le giraumon.
Cette distribution a eu lieu de 16 à 20 heures, au centre culturel Tanbou Bô Kannal, à Fort-de-France.
Consommée le 1er janvier
La soup joumou est le premier repas consommé spécifiquement le 1er janvier par les Haïtiens et est chargée d'histoire.
Ce plat était uniquement consommé par les propriétaires de plantations et interdit aux esclaves qui la préparaient.
Après la révolution en Haïti, les Haïtiens se sont appropriés la soup joumou, qui est devenue un symbole de liberté, d’émancipation et d’indépendance.
Trois chefs
Trois chefs ont préparé la soupe joumou : un de Martinique, un de Haïti et un autre de la Dominique.
Avec le temps la recette a évolué. Marc Lesdema, chef cuisinier martiniquais, a retravaillé cette soupe en la remettant dans son contexte d’origine.
Par rapport aux différentes recettes qu'on trouve aujourd'hui en ligne, il y avait une incohérence par rapport aux ingrédients qui étaient disponibles à l'époque. Donc, j'ai refait ce travail à l'envers, de pouvoir justement retirer les ingrédients qui n'existaient pas à l'époque sur nos territoires, remettre un peu la soupe dans son contexte et essayer de refaire la soupe la plus proche possible de ce que ça a pu être à l'époque de l'indépendance haïtienne.
Dans la recette de Marc Lesdema, on trouve de l’oignon, de la cive, du giromon et de la viande de porc.
Tout simplement parce que la valeur marchande du bœuf était telle à l'époque qu'il était difficile d'imaginer qu'on puisse sacrifier un bœuf juste pour faire une soupe.
C’est une soupe symbolique, comme l’explique Woudnie Edmé, membre fondatrice et présidente de l'association Amitié Caraïbe Amériques.
Cela fait partie de nos traditions. C'est vraiment quelque chose qui est très symbolique parce que c'est la soupe de l'indépendance. C'était une réponse pour dire qu'on est libre, parce qu'au préalable, les ingrédients qui constituaient cette soupe étaient interdits aux esclaves. Après la proclamation de l'indépendance, on a fait en sorte que tous ces ingrédients soient symboliquement consommés tous les 1er janvier pour exprimer ce que c'était de casser les chaînes de l'esclavage.