Le projet d'aérodrome de Basse-Pointe présenté à la population
Le site de Chalvet a été retenu pour accueillir un aérodrome dans le Nord de la Martinique. Pour autant, la CTM qui porte le projet doit encore convaincre les administrations mais aussi la population et des experts de son bien fondé.
Une réunion publique s’est tenue hier soir, à la salle des fêtes de Basse-Pointe. Elle portait sur le projet d’aérodrome, voté par les élus de la CTM en 2017, sous la mandature d'Alfred Marie-Jeanne et qui devrait voir le jour dans la commune courant 2028.
Un dossier qui est dans les cartons depuis 25 ans. Le coût global est estimé à plus de 60 millions d’euros. Il était en effet inscrit dans le SAR, le schéma d’aménagement depuis 1998 et porté à l’époque par la CCNM, la communauté des communes du nord de la Martinique.
Les plus anciens se souviennent d’une piste sommaire d’atterrissage à Basse-Pointe, mais l’idée d’aujourd’hui est de créer un véritable aérodrome, dit civil et d’intérêt Régional. Il accueillerait sur une piste de 1200 mètres où pourraient atterrir des petits et moyens porteurs. La CTM table sur 4000 à 5000 passagers commerciaux.
Marie-Claude Valide, pionnière de l'aéronautique en Martinique et à la tête du CFA Aéronautique du Lamentin, voit ce projet d'un bon oeil même si il doit être peaufiné :
Il faut véritablement voir tous les écueils. Moi, je ne veux pas que cet aérodrome, on dise "Mais est-ce qu'il va être rentable ?" Il peut ne pas être rentable au début, mais dans quelques années, une fois qu'il sera construit, il va trouver sa rentabilité par les élèves pilotes. On en forme de plus en plus, par les élèves mécaniciens. Je vous assure que c'est la meilleure façon de développer un pays, une île, c'est de le rendre accessible à tous. Ça serait très bien d'avoir un centre de maintenance aéronautique dans le Grand Nord. Concernant la piste. C'est vrai qu'il y a une pente de 6 %, il faut la réduire à 3 %
De quoi relancer l’activité économique dans le nord mais surtout d’offrir à notre territoire une piste de secours en cas de catastrophe naturelle majeure et d’une indisponibilité de la piste du Lamentin.
Dépasser les réticences
Trois sites avaient été identifiés pour la piste Pointoise. C’est celui de Chalvet qui a été retenu.
Richard de Gryse, ancien directeur d'Air Caraïbes et expert aéronautique, a exprimé quelques doutes sur l'implantation du projet :
Je ne vois personnellement pas l'intérêt dans la forme dans laquelle ça a été présenté, c'est-à-dire à moitié commercial, à moitié pour évacuer des blessés en cas de séisme majeur. Dépenser 65 millions d'euros pour quelque chose qui, à mon avis, n'est pas très utile, en tout cas sur le plan aéronautique, je n'y vois pas l'intérêt. Il y a des contraintes parce que le projet que j'ai vu est une piste qui sera perpendiculaire à la direction habituelle du vent, c'est-à-dire difficilement praticable pour les jeunes pilotes et difficile pour l'ATR 42 qu'ils ont pris comme base de travail. C'est aussi un avion qui est en voie de disparition aux Antilles. Par ailleurs, 5 000 passagers par an, ça ne peut pas intéresser une compagnie aérienne. Un aéroport pour des ULM et des aéro clubs, oui, pourquoi pas, mais pas là. À Saint-Anne, pour faire comme ça se passe à Saint-François en Guadeloupe, mais un aéro club ne va pas s'installer à Basse-Pointe.
Toutefois, cet aérodrome n’est pas prêt de sortir de terre. Entre poursuite des études, demandes d’autorisations au niveau de l’aviation civile, et travaux, les services de la collectivité territoriale tablent sur une pose de la première pierre courant 2027-2028.
De quoi laisser le temps de convaincre les Pointois et les habitants du Nord qui s’étaient mobilisés à l’époque contre ce projet, arguant qu’il spoliait les agriculteurs de terres cultivables.