Quel avenir pour l'usine d'équarrissage du Lamentin ?

Par 01/12/2023 - 07:58

Elément structurant de la filière viande en Guadeloupe, l'usine d'équarrissage du Lamentin a pour l'instant fermé ses portes. Une satisfaction pour les riverains mais un coup dur pour les salariés.

    Quel avenir pour l'usine d'équarrissage du Lamentin ?

Après la mobilisation le 27 novembre dernier du collectif des associations et riverains de l’usine d’équarrissage du Lamentin, une réunion d’urgence s’est tenue hier (jeudi 30 novembre 2023) à la mairie en présence de tous les acteurs du dossier. Autour de la table, on trouvait ainsi, le maire du Lamentin, Jocelyn Sapotille, le Préfet de Guadeloupe, Xavier Lefort, les représentants du  Conseil Régional et du Conseil Départemental mais également le collectif et les riverains. 

La Société d’Équarrissage de la Guadeloupe a depuis fermé l’usine parce que la pollution olfactive et les autres nuisances reconnues par les services de l’Etat se sont amplifiées provoquant l’exaspération de la population.

Un audit a donc été commandé pour arrêter une position définitive dans ce dossier. Jocelyn Sapotille, maire du Lamentin, livre les enseignements tirés de cette réunion :

Ce qu'on retient de principal, c'est qu'il n'y aura plus de nuisances, il n'y aura plus de pollution, que l'usine a arrêté de fonctionner et qu'en même temps, la production pour autant de viande continue parce qu'on a trouvé une solution alternative. C'est ce qu'on demandait. Nous, on n'est pas contre la production de débouchés. On est, au contraire pour développer cela, mais pas au prix d'une pollution pour la population lamentinoise.

Le premier magistrat lamentinois explique par ailleurs à quoi servira l'audit

L'audit, c'est pour trouver la solution définitive et finale, parce qu'on se rend quand même compte qu'il y a un outil indispensable, mais qui est surdimensionné. Production qui est trop faible par rapport à ce que l'usine doit recevoir comme produit. Une usine qui doit tourner avec 5 000 tonnes, mais qui n'a que 2 000 tonnes de produits, c'est insuffisant, ce qui crée des dysfonctionnements. Donc, il faut revoir le modèle économique. Il faut revoir les investissements

Santé publique

Pour la Région Guadeloupe, il s'agit d'un problème de santé publique. D'où la nécessité d'une expertise avancée comme l'explique Myriam Saint-Cyrelle, responsable du service agriculture et agro-alimentaire à la Région Guadeloupe :

C'est une question de santé publique. Le président de la région a voulu imaginer une action pérenne et intervenant dans le développement économique des filières, on a besoin effectivement de s'en cette analyse d'experts pour pouvoir effectivement se projeter sur le meilleur modèle économique qui sera mis en place à la fois en faveur de la population, mais aussi des producteurs, côté effectivement de la mairie et des services de l'État

En tout cas suite à cette table ronde, les riverains ont le sentiment d’avoir été entendus, mais ils restent méfiants tout de même. C'est ce que souligne Josy Saint-Martin, membre du collectif des associations et riveraine de l’usine d’équarrissage :

Malheureusement, il a fallu bloquer pour qu'on nous entende. C'est vrai que depuis lundi, les riverains respirent, ce qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de faire depuis plus de six ans. Nous avons été enfin entendus, premièrement parce que toutes les personnes concernées étaient présentes et nous avons pu obtenir la fermeture de l'usine jusqu'à ce qu'elle soit mise aux normes. Nous serons néanmoins très vigilants sur la suite

Chômage

Conséquence de cette fermeture, plusieurs salariés vont se retrouver au chômage. Fabienne Techné, attachée de direction de la SEG, assure que cette activité doit se poursuivre parce qu’elle est essentielle pour la filière.

La procédure qui est mise en place pour faire l'audit, c'est très bien, mais il reste à gérer aujourd'hui, nos salariés et le fonctionnement qu'on prendra pour continuer à collecter les déchets. Il y a une mise en place à faire. On aura un certain nombre d'employés qui seront au chômage. Sur les sept, nous aurons au moins trois ou quatre qui seront au chômage. C'est une unité importante, c'est la seule de la Caraïbe. On a besoin de traiter les sous-produits animaux. Ce qui, avant, n'était pas traité et allait dans les fosses, dans les rivières


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