La statue en hommage aux « Poilus » martiniquais a été inaugurée
Les soldats martiniquais qui ont combattu durant la Première guerre mondiale, ceux que l'on surnommait “les Poilus”, ont désormais une statue en leur hommage sur le site des champs de bataille de Verdun, dans la commune martyre de Fleury-devant-Douaumont, dans la Meuse. Elle a été inaugurée ce dimanche 12 novembre.
107 ans après la bataille de Verdun, sur les terres froides de la Meuse, qui portent encore les stigmates des millions d'obus qui ont pilonné ce massif forestier durant des mois en 1916, les 2000 « Poilus » martiniquais venus mourir sur place pour défendre la France ont enfin une statue qui leur rend hommage.
Issu d'un projet porté par l'Association du Pays d'Etain Martinique, qui travaille sur les liens mémoriels entre cette région et l'île antillaise, ce lieu de commémoration a été inauguré ce dimanche, lors d'une cérémonie officielle préfectorale, en présence d'une délégation martiniquaise importante.
Une soixantaine de personnes sont venues de l'île, dont des organismes historiques, ainsi que l'Union territoriale des anciens combattants, dont le président Théophile Marcel Heraclide n'a pas caché son émotion.
On les avait oubliés ces "Poilus" et nous savons tous que leur sacrifice nous permet aujourd'hui de vivre notre liberté.
Dans les rangs martiniquais également, de nombreux collégiens et lycéens, notamment 25 élèves qui suivent l'option de formation à la citoyenneté et à la solidarité de la Croix Rouge. Nigelina, 14 ans, collégienne à Fort-de-France a notamment déposé une gerbe devant ce monument.
C'est très émouvant et magnifique, de savoir qu'ils se sont sacrifiés pour nous, ça donne envie de revenir et de participer encore plus.
Une oeuvre sous les mains d'Hervé Beuze
De son côté, Naïma, 16 ans et lycéenne au Robert, a lu quelques mots en créole durant la cérémonie.
Franchement, c'est une histoire incroyable, on entend pas du tout parler de ça. Si ma professeur ne m'avait pas parlé de ça, je n'aurais jamais entendu parler de ça.
Sa professeur c'est Sabine Andrivon Milton, historienne spécialiste de l'histoire militaire martiniquaise, qui oeuvre depuis longtemps pour la reconnaissance de cette histoire et qui a confié son émotion au micro de RCI.
La présence des jeunes est primordiale, car on doit transmettre, c'est eux qui ne doivent pas oublier. Il y a beaucoup d'émotion, car on touche à du concret. C'est gravé dans la pierre, on pourra revenir et saluer la mémoire de ces soldats.
Une oeuvre qui s'est concrétisée sous les mains de l'artiste plasticien Hervé Beuze, lui-même Martiniquais, qui a représenté un soldat prêt à s'élancer vers le combat, en prenant appui sur un tronçon de canne à sucre, avec à ses pieds une carte de son île qui cache un coffre dans lequel a été déposée de la terre de la Martinique. Ce dernier espère avoir posé un "jalon" mémoriel à travers ce travail.
C'est pour qu'on n'oublie pas ces gens qui ont souffert, qui pour beaucoup d'entre-eux ont disparu, les corps n'ont pas été retrouvés. C'est un acte qui permet de réparer cet oubli.
L'hommage républicain s'est conclu par une Marseillaise, qui vient rendre justice aux 2000 Martiniquais morts pour la France. Sur cette terre des Martyrs de la "grande guerre", ces "Poilus" oubliés sont enfin honorés.
