30 ans de réclusion criminelle requis contre le meurtrier présumé d’Aude Jean-Alexis
Le procès de Patrice Monthieux s’est terminé ce soir (mardi 19 septembre) avec les plaidoiries de l’avocat de la défense. Les débats reprennent demain matin avec les derniers mots de l’accusé et le délibéré. Le compte rendu des débats.
Après 5 jours d’audience, les jurés de la cour d’Assises ont quitté la salle d’audience avec deux visions opposées de ce dossier.
D’un côté : l’avocate générale, convaincue de la culpabilité de Patrice Monthieux, jugé pour l’enlèvement, la séquestration d’Aude Jean-Alexis, suivie de sa mort, a requis 30 ans de réclusion criminelle contre l’accusé. En face, en défense, pendant plus de 2h, Alex Ursulet a plaidé l’acquittement pour son client. Depuis le début de procès, Patrice Monthieux n’a cessé de clamer son innocence.
Ce matin, les débats ont démarré avec les plaidoiries des parties civiles, qui ont balayé les postures et les « mensonges » de l’accusé. Les avocats de la famille, et notamment Me Renar-Legrand ont rappelé que, ce matin du 15 novembre 2017, la jeune femme de 22 ans, qui logeait au domicile familial, s’était réveillée aux aurores, avait frappé à la porte de la chambre de sa mère pour lui dire bonjour et lui rappeler son heure de travail, 9h45.
L’avocate décrit ensuite « ce stop fatal » délivré par Patrice Monthieux à Rivière-Salée. Elle fustige la position de son confrère, de l’autre côté de la barre, qui exige la présence d’un corps pour que l’accusé soit jugé pour l’enlèvement et la séquestration de la disparue. « On a fermé toutes les portes. Il ne peut pas y avoir de disparition volontaire. Il n’y a eu aucun mouvement sur son compte bancaire ou sa ligne téléphonique ». Elle écarte également la piste du suicide.
Aucun doute sur la culpabilité, pour l'avocate générale
En début d’après-midi, embrayant sur le même ton, l’avocate générale s’est montrée ferme face aux dénégations de l’accusé.
Dans son réquisitoire, elle promet d’emblée de démontrer la culpabilité du principal suspect. Elle reprend les éléments versés au dossier qui viennent confirmer ou infirmer les dires de Patrice Monthieux.
La magistrate regrette le mutisme du suspect dans un premier temps puis ses différents mensonges. Elle pointe les incohérences de son discours de Patrice Monthieux, qui n’a pas toujours été là où il prétendait être, selon la localisation de son téléphone portable ce 15 novembre 2017.
Sans encombre, elle demande aux jurés de repenser aux traces de sang retrouvées dans la voiture au niveau de la ceinture de sécurité mais également du tapis de sol. Mais également de ne pas omettre que l’ADN d’Aude Jean-Alexis a été retrouvé sur les menottes appartenant à Patrice Monthieux.
Acquittement demandé
Pendant plus de 2 heures, Me Alex Ursulet s’est évertué, pour sa part, à démonter l’accusation.
Alors qu’il allait commencer à plaider, la mère de la victime a quitté la salle, ne souhaitant pas suivre la plaidoirie de l’avocat de la défense. Le père, l’a suivie, quelques minutes après les premiers mots.
Pour Me Ursulet, la culpabilité de son client n’a pas été prouvée par l’enquête et « encore moins » au cours de ce procès. Il n’y a pas de corps, répète-t-il à nouveau. Pas non plus, donc, de certificat de décès et de motif de passage à l’acte. Il fustige la sincérité de l’enquête. Selon lui, quatre témoins qui auraient vu Aude Jean-Alexis plus tard ce matin-là ont été en orientés dans leur déclaration.
L’avocat a conclu en utilisant l’image d’un loup qu’on a laissé partir et qu’on n’a pas voulu piéger parce que les forces de l’ordre avaient déjà le suspect parfait : Patrice Monthieux, qui avait pris Aude Jean-Alexis en stop, ce jour-là.
Le procès se termine demain matin. Les débats vont reprendre avec les derniers mots de l’accusé, avant que les jurés ne partent délibérer.
Verdict attendu dans le courant de la matinée sur l’une des questions cruciales : « Patrice Monthieux a-t-il enlevé, séquestré et provoqué la mort d’Aude Jean-Alexis ? ».