25 millions d’euros pour améliorer les réseaux d’assainissement, où en est-on ?
L'assainissement sur notre territoire est un enjeu majeur fréquemment mis en exergue par les ministres en visite sur le territoire. L'assainissement est enfin considéré comme une priorité à financer. En début d'année, lors de la présentation de son plan d'action en janvier 2023, le SMGEAG avait annoncé consacrer 25 millions d'euros pour améliorer les réseaux d'assainissement. 6 mois plus tard, quel état des lieux pouvons-nous dresser ?
Sur la plage du Petit Havre, les habitués prennent leur bain. Cette baie aux eaux translucides a souvent fait l'objet d'interdictions de baignade pour cause d'écoulement d'eau usée. Depuis quelques mois, la situation semble stable, mais pour certains riverains, même quand il y a un arrêté, ils se baignent. Ici, on préfère parfois occulter cette réalité.
On fait avec, on cherche des endroits où c'est plus clair, plus propre, dit l’un d’eux.
On n'est pas trop dirigés là-dessus, dit une baigneuse.
La commune de Deshaies elle aussi a souvent été concernée par les interdictions de baignade. En janvier dernier, six plages de la commune étaient sous le coup d'un arrêté municipal pour contamination bactériologique. Le germe en question est Escherichia coli, une bactérie que l'on retrouve dans le tube digestif de l'homme et des animaux et qui n'a aucune raison, a priori, de se retrouver dans les eaux.
Des stations d’épuration non conformes
Comment alors expliquer des seuils élevés ? Les carences du réseau d'assainissement. Une réalité d'autant plus gênante pour des lieux de baignade très fréquentés. À Deshaies, la municipalité a planché il y a quelques années sur un projet de construction d'une station du traitement des eaux usées nouvelle génération. Un projet en attente de validation. La création du syndicat unique, le SMGEAG, en 2021, a mis en suspens de nombreux dossiers, le temps de tout remettre à plat. Jeannie Marc espère passer à la vitesse supérieure, au moins l'année prochaine :
C'est un peu compliqué à dire parce qu'il y a plusieurs mini stations et il y a une la plus importante qui est au nord de la commune. Elle pose parfois des problèmes parce que les constructions très nombreuses autour, avec des hôtels en période touristique qui augmente justement la production.
Sur une cartographie publiée en 2021, 12 stations d'épuration sur les 17 sont non conformes en Guadeloupe. Pour remettre ces lieux en conformité lors de sa conférence de presse en début d'année, le SMGEAG a annoncé que 25 millions d'euros seraient consacrés à l'assainissement en 2023. Six mois plus tard, nous avons sollicité le syndicat pour en savoir plus sur les orientations précises choisies pour traiter cette problématique. Nous n'avons malheureusement pas pu obtenir de réponse détaillée de la part du SMGEAG. Jean Louis Francisque, son président :
Nous avons pu établir une échelle de priorités, même s'il y avait des priorités partout. Il y a des situations très urgentes sur lesquelles, sur cette année 2023, nous porterons des réponses.
La qualité des eaux de baignade est l'une des conséquences les plus flagrantes de l'impact direct des défaillances de l'assainissement sur le territoire. D'autres existent bien sûr, mais sont moins visibles comme l'impact sur la biodiversité. Avec 12 stations d'épuration non conformes, il faudra du temps et de la patience pour que cette question soit réglée un jour.