Homme de lien, de culture et de la terre, Madiama Fall s’en est allé
Caribéen dans l’âme mais originaire du Sénégal, il a été à l’origine du premier restaurant africain de Fort-de-France et a milité en Martinique, dans les années 70-80, pour la protection du patrimoine culturel et pour une agriculture propre.
Madiama Fall s’est éteint le dimanche 30 avril, à l’aube, à l’hôpital de Saint-Louis, au Sénégal, après une hospitalisation de quelques heures seulement. Il y avait été admis à la suite d’une maladie qui l’avait diminué physiquement.
Son nom ne vous dit peut-être rien mais celui qui est aussi le père du cinéaste Wally Fall, dont le dernier film « Mantjè tonbè sè viv » a été diffusé sur La 1ère, s’est fait remarquer dans les années 1970 – 1980 par son militantisme politique, culturel et écologique aux Antilles.
Il a été à l’origine de l’ouverture du Balafon, le premier restaurant africain au coeur de Fort-de-France. Ceux qui l’ont connu évoquent sa défense d’une agriculture nourricière sur des terres propres. Il partageait avec feu Raymond Sinamal, le geste d’offrir un présent aux artistes qui venaient se produire à Fort-de-France. Sinnamal, céramiste donnait une oeuvre, Madiama le paysan, lui, présentait un récipient de fruits produits en Martinique.
Entre patrimoine et terroir
Homme de lien, Madiama Fall avait intégré des groupes de théâtre, de danse et de musique avant-gardiste. D’où sa rencontre avec la Martinique au milieu des années 1970 et son mariage avec Carmen Fall née Pélage.
C’est dans la commune du Lamentin qu’il s’était installé après un séjour de quelques années au Sénégal. Il avait la foi d’un missionnaire athé, bâtisseur de multiples activités qui vont de la musique, aux arts martiaux à la restauration. Ses compagnons dans la création artistique se nomment Alfred Varasse, Joly et Mayou Bernabé, Félix Clarion et une longue liste comprenant Marius Cultier, Eugène Mona, Claude Sommier…
La défense de la terre et la pratique d’une agriculture propre ont fait partie des engagements qu’il avait menés dès le début des années 1980, ne ménageant ses efforts ni dans la création ou la structuration d’associations agricoles ni dans la protection du patrimoine culturel.