Université : mobilisation contre la titularisation d'un enseignant accusé de harcèlement sexuel
Alors qu'un processus de titularisation de l'enseignant concerné, maître de conférences, est en cours, des étudiantes ont manifesté ce matin (jeudi 4 mai) leur mécontentement suite aux faits de harcèlement sexuel qui pèsent sur lui.
Elles sont une trentaine à se mobiliser depuis tôt ce matin devant la faculté des sciences technologies et environnement contre la titularisation d'un professeur.
Une plainte a été déposée contre l'intéressé en février dernier pour harcèlement sexuel. D'autres témoignages auraient depuis ressurgi. Des témoignages qui relatent des propos scabreux et insistants ainsi qu'un certain sentiment d'impunité de la part de ce professeur.
Ces éléments ont convaincu le doyen de l'UFR Sciences, Technologie et Environnement de donner un avis défavorable lors du conseil d'administration restreint de l'UFR qui a eu lieu ce jeudi matin.
« Il faut faire prendre conscience aux collègues qui siègent au sein du conseil de gestion de l'UFR qu'ils doivent prendre en compte la manière dont un collègue se comporte avec les étudiantes en vue d'une titularisation », indique Frédéric Vigouroux, co-secrétaire académique du SNASUB-FSU.
« On ne peut pas permettre à des enseignants qui ont un comportement inapproprié envers des étudiantes mais aussi des collègues de venir à l'université », explique le représentant syndical.
L'enseignant stagiaire a reconnu les faits. Il fait l'objet d'une suspension à titre conservatoire.
Pancarte en main, une étudiante dénonce le climat d'inquiétude que la présence de cet enseignant fait peser au sein de l'UFR. « La plainte date de 2023 et les autres faits remontent au moins à 2020. Visiblement, il serait couvert. Les procédures n'avancent pas. Le doyen nous soutient à 100%. Il y a des victimes qui ne sont pas entendues. On ne peut pas laisser ça passer », s'insurge Solène.
Absence de structures contre le harcèlement
Le processus de titularisation se poursuivra par la tenue d'un conseil académique qui donnera également son avis. Le président de l'université des Antilles donnera également son avis.
« Rien n'est décisif. Il y a plusieurs étapes. C'est la première étape aujourd'hui. Le collègue a eu un comportement inadapté. Ce sont des paroles. Nous sommes à l'Université, pas dans un tribunal », a estimé pour sa part, Laurent Manyri, vice-président du pôle universitaire régional de Martinique.
D'une façon plus générale, Frédéric Vigouroux, le co-secrétaire académique du SNASUB-FSU, regrette, pour sa part, que depuis plusieurs années, les bureaux d'information, les missions pour l'égalité femmes / hommes, et de lutte contre le harcèlement n'aient pas été mis en place. « Soit par manque de moyens, soit par manque de volonté. En réalité, les deux. La mandature précédente et celle-ci aussi n'ont pas mis de procédure claire pour lutter contre le harcèlement. Aujourd'hui, c'est compliqué pour un collègue ou une étudiante qui se ferait harceler de faire un signalement. Il est plus que temps de mettre en place un bureau, c'est un obligation légilsative qui a plus de 10 ans ».