Hervé-Claude Ilin : de Trénelle à Paris, entretien avec un acteur et metteur en scène prometteur

Par 28/02/2023 - 18:10 • Mis à jour le 01/03/2023 - 17:03

Hervé-Claude Ilin est le metteur en scène de "Les Noces ... (de Figaro)", une version revisitée de la célèbre pièce de Beaumarchais qui a inspiré le non moins fameux opéra de Mozart. Elle est jouée ce vendredi à 19h30 à Tropiques Atrium dans le cadre du Ceiba Festival. Ce jeune acteur et metteur en scène a grandi en Martinique, au quartier Trénelle Citron, avant de s'envoler pour la capitale poursuivre une carrière prolifique dans le théâtre. Il a accordé un entretien à notre journaliste Clara Vincent.

    Hervé-Claude Ilin : de Trénelle à Paris, entretien avec un acteur et metteur en scène prometteur
Hervé-Claude Ilin : "J'ai une sensibilité très particulière quand je viens en Martinique"

Clara Vincent : D'abord, Hervé-Claude Ilin, présentez-nous cet opéra Les Noces de Figaro, inspiré de la pièce de Beaumarchais? 

Dans cette version, on réconcilie Beaumarchais et Mozart puisqu'on remet du théâtre, on remet le texte au centre. Donc, c'est vraiment un mélange des deux, c'est de la musique et des parties parlées, contrairement au vrai opéra. C'est une adaptation qui permet cet alliage un peu particulier mais qui du coup permet aussi de rendre l'œuvre très accessible puisqu'on a des textes en français comme l'opéra et chantés en italien. Et bien on a cet accès tout à fait particulier qui est qui est plutôt intéressant.

CV : Sur scène, on retrouve la troupe Opéra clandestin qui souhaite populariser l'art lyrique. Parlez-nous un peu de cette troupe...

Elle porte bien son nom, parce qu'en effet, le but, c'est d'apporter l'opéra dans des endroits peut-être insoupçonnés. Et c'est une troupe avec laquelle je travaille depuis huit ans maintenant. C'est une rencontre avant tout entre une des chanteuses et moi, il y a plusieurs années, on a travaillé ensemble dans un premier temps et puis elle m'a proposé de mettre en scène cet opéra et du coup, j'ai voulu mettre un peu mon grain de sel de metteur en scène de théâtre dans ce qui est l'exercice de l'opéra habituellement. Ou peut-être que la mise en scène est  un peu plus éloignée du théâtre, on va dire.

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La troupe Opéra clandestin revisite les classiques avec talent



CV : Et les missions de cette troupe, quelles sont-elles ?

Aller vraiment à la rencontre d'un public qui, peut-être, ne se sent pas concerné par l'opéra, alors que ce sont des histoires humaines tout à fait accessibles, dans une forme assez particulière, parce que c'est du chant et du chant lyrique, c'est assez sublime. D'ailleurs, la première fois que j'ai vu mon projet sur scène, notre projet de toute l'équipe, je me suis dit je ne voudrais presque monter que cela tellement c'est beau, tellement le chant emporte tout. Et on a des artistes très confirmés dans la troupe et trois musiciens aussi, donc c'est une très belle équipe.

CV: Et vous allez auprès des publics un peu éloignés, je pense aux scolaires par exemple...

Exactement. Dès jeudi d'ailleurs (2 mars 2023,ndlr), à 9 h30 dans l'enceinte de Tropiques Atrium, nous allons rencontrer des classes. Donc on a formé un dossier pédagogique très sympathique et on a écrit une version toute particulière pour ce public. On va vraiment être dans l'interaction, dans le plaisir de partager et de les conduire doucement vers ce type d'œuvre et de montrer en fait que c'est tout à fait à notre portée. Et en plus ce sera sur-titré, il y aura les parties en français. Je serai le narrateur privilégié de ce moment, donc ça devrait être sympathique.

CV: Revenons sur votre parcours, vous êtes né ici en Martinique ?

Je suis arrivé à l'âge de deux mois, mais c'est tout comme j'ai grandi 18 ans en Martinique.
J'ai fait mes classes à Trenelle Citron, mes petites classes, après, le collège des Terres Sainville, le lycée Schœlcher. Et puis je suis parti faire mes études là-bas, en classe prépa hypokhâgne. Et puis doucement, j'ai renoué avec le théâtre deux ans après, parce que les études de prépa sont assez compliquées, enfin riches. Et du coup, j'ai renoué avec le théâtre que j'avais commencé en Martinique, au Sermac, deux ans plus tôt. Depuis, je n'ai jamais arrêté, j'ai fait une école supérieure. Et puis il y a toute une aventure entre metteur en scène, comédien, professeur de théâtre. Je travaillais avec différents groupes amateurs, professionnels. Et pour moi, c'est vrai que de faire le lien avec la Martinique, c'est extrêmement précieux. Et Manuel Césaire et Tropiques Atrium, dans le cadre de ce festival, me permettent de vraiment faire le lien. Enfin.

CV: Quel regard vous portez sur la culture en Martinique, le théâtre, etc?

Je suis passionné par tout ce qui se passe en Martinique. Chaque fois que je viens, je vais voir le maximum de choses et j'en suis très ému. Alors, bien sûr, je vis là-bas, donc je n'ai pas toujours connaissance de tout ce qui se passe. Mais dès que je viens, je vais voir le slam, je vais voir les spectacles divers et variés, je vais voir les expos et j'avoue que j'ai une sensibilité très particulière quand je viens en Martinique, je suis très sensible à tout ce qui se passe, et très intéressé et souvent, j'en ai même beaucoup d'émotion, certainement parce que ça me lie, ça me relie à ce qu'il y a de profond en moi, dans ce pays où j'ai grandi et qui a tellement à offrir et tellement à donner.

CV: Est-ce que la Martinique vous inspire aussi dans vos projets?

Infiniment. Alors j'essaie de mettre mon grain de sel martiniquais dans un peu tous les projets, même de manière insoupçonnée, imperceptible. C'est vrai que j'aime bien aussi le côté tout à fait international du théâtre et de mélanger des textes d'auteurs classiques avec des touches culturelles antillaises. J'ai eu l'occasion avec des troupes professionnelles ou semi-professionnelles de travailler des textes martiniquais dans un cadre très particulier, notamment un texte de Gaël Octavia qui s'appelle Les Vieilles. J'ai eu la chance de travailler sur ce projet il y a quelques années et vraiment, dès qu'il peut y avoir un petit lien avec ma culture antillaise, je crois que ça se fait même naturellement, spontanément.

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Entretien à (ré)écouter ici : 

 


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