L'ADN environnemental : une méthode innovante testée en Guadeloupe
Quatre chercheurs ont travaillé sur une technique innovante, début mars, en Guadeloupe : l'ADN environnemental. Ces recherches expérimentales, visant à détecter et identifier de nouvelles espèces dans les eaux de l'archipel, sont effectuées par l'université de Brest, en partenariat avec l'Université des Antilles et des partenaires locaux.
Rechercher "des traces d'urine ou de fragments de peau"
Travailler sur l'ADN environnemental, c'est "essayer de détecter, d'identifier les espèces qui ont perdu cet ADN soit sous forme libre soit sous forme de cellule. Çà peut être l'urine, les fragments de peau. On a dans les milieux notamment le milieu marin l'ADN de différents organismes qui sont présents et nous on essaie de le détecter", explique Jean-Luc Jung, maître de conférence à l'université de Brest, chercheur au sein du laboratoire BioGeMME (Biologie et Génétique des Mammifères Marins dans leur Environnement) et porteur du projet. Etienne Bezault, chercheur à l'Université des Antilles, est co-porteur du projet.
De nouvelles espèces à trouver ?
Pour la première fois, cette technique, efficace en eau douce et donc en milieu fermé, a été utilisée en milieu marin, en Guadeloupe. Cette approche est expérimentale en eau de mer, avec des objectifs ambitieux : "puisqu'on a cette approche ADN, on s'affranchit de la nécessité de reconnaissance morphologique des espèces qui parfois est très difficiles, notamment pour les baleines à bec. De visu on a du mal à identifier les espèces, il y a 25 espèces de baleines à bec, ce sont de grands pélagiques, très discrets, qui plongent très profond. Ici on a identifié 3 ou 4 espèces dans l'archipel, il y en a certainement d'autres que l'on n'a pas encore vues" et "il y a aussi toute la notion d'espèce cryptique, que l'on connaît mais non identifiées comme espèces séparées. Notamment des collègues américains viennent d'identifier, il y a quelques années, dans le golf du Mexique, pas si loin d'ici, ce qui clairement est une nouvelle espèce de baleine, de rorqual, et déjà en danger au moment où on l'identifie car il n'y a certainement que quelques dizaines d'individus".
Les premiers résultats bruts sont attendus d'ici deux ou trois mois. Le projet global, intitulé GenMamGua, a été financé par l'OHM port caraibe, un observatoire du CNRS. Le projet compte plusieurs partenaires en Guadeloupe (l'OMMAG, Breach Antilles, Le Parc National de Guadeloupe, le sanctuaire AGOA et l'AFB) comme outre-Atlantique (la société Spygen, spécialiste de la détection de l'ADN environnemental, et le laboratoire Marbec).