Un colloque pour repenser les leviers de développement de nos territoires
Pendant deux jours, l’ensemble des Outre-Mer français était réuni dans un grand colloque économique imaginé par cinq universitaires. Il s’agit des Actes de la Recherche Ultra-marine (ARUM) qui se déroulait à Paris depuis mardi. Le but de ce colloque était de repenser les leviers de développement de nos territoires.
Les Actes de la Recherche Ultra-Marine se sont conclus hier soir (mercredi 12 octobre) au Conseil Économique, Social et Environnemental et a rassemblé une cinquantaine d’universitaires et des représentants des grandes instances décisionnaires. À cette occasion, des études récentes ont été exposées. Parmi elles : DESPERADO pour « Discriminations à l’embauche dans la sphère publique : les effets respectifs de l’adresse et de l’origine ». Ce rapport démontre des discriminations à l'embauche des Antillais sur le marché du travail, non seulement dans l'hexagone, mais également chez nous.
Les ultramarins discriminés à l'embauche
Professeur Yannick L'Horty, de l'Université Gustave Eiffel :
On a testé de l'ordre de 1200 restaurants dans quatre territoires les trois départements d'Outre-Mer : Martinique, Guadeloupe et La Réunion. Et puis, à Paris, on a mis en évidence le fait que, de façon systématique, les candidats ultramarins étaient pénalisés relativement aux candidats parisiens, y compris dans les territoires d'Outre-Mer. Il y a presque 30 % de chances en moins pour les ultramarins de pouvoir être invité à un entretien d'embauche lorsqu'ils candidatent dans l'ensemble de ces restaurants. L'explication renvoie sans doute aux représentations des recruteurs vis-à-vis des qualités et des aptitudes des candidats. Et donc il y a l'action de stéréotypes qui peuvent être conscients ou non de la part des recruteurs à l'encontre des candidats de l'aptitude supposée des candidats ultramarins.
Ce travail avait été présenté fin 2021 sur la restauration et se confirme avec d'autres secteurs d'activité.
On a testé des professions de secrétaires et des professions aussi de vendeuses qui donnent des résultats convergents relativement à l'étude sur les serveurs dans la restauration.
Les revenus de la TVA pour aider les ménages
Parmi les autre travaux mis en avant, on compte aussi une étude réalisée et présentée par le professeur d'économie à l'Université des Antilles, Sébastien Mathouraparsad. L’étude propose d'utiliser les revenus de la TVA pour créer une aide pour les ménages en dessous du niveau de pauvreté, mais qui leur permettrait d'acheter uniquement des produits locaux. Un dispositif possible puisqu'il se base sur un bouclier qualité prix modifié et s'appuie sur un article du code général des impôts qui permet des exonérations de TVA. Les effets seraient globalement positifs.
Sébastien Mathouraparsad, professeur d'économie à l'Université des Antilles :
Cela permet de booster l'économie locale. On a pu observer qu'on a deux points de croissance qui sont générés avec ce dispositif. Ça a donc réduit aussi le taux de chômage. Il y a un effet positif sur le prix puisqu'il y a une consommation supplémentaire qui tend à augmenter les prix, mais qui est compensé finalement par ce surplus de revenus pour les ménages pauvres. Donc il y a des effets essentiellement positifs, quelques effets qui sont négatifs liés aux lois économiques du marché. Mais dans l'ensemble, ce dispositif pourrait fonctionner.
Mais pour ce faire, il reste à savoir dans quelle mesure les élus locaux seraient capables d’amener ce sujet auprès l'État et de négocier la modification de l'article du Code général des impôts.