Sargasses : Nicolas Hulot s'engage pour un ramassage en 48 heures
Nicolas Hulot est arrivé lundi soir (11 juin 2018) en Martinique. Le ministre de la transition écologique a d'ores-et-déjà annoncé les mesures du gouvernement pour lutter contre l'envahissement de nos côtes par les sargasses. Découvrez les en détails.
Ce mardi matin, Nicolas Hulot et Annick Girardin, la ministre des Outre-mer se rendent au Diamant. Après cette première étape, ils se rendront dans les différentes communes touchées par les sargasses.
Les deux ministres ont cependant déjà annoncé les mesures gouvernementales de lutte contre les sargasses.
Les annonces des deux ministres sont structurées autour de 4 objectifs :
- Accélérer la mise en place du réseau de suivi et de prévision des échouages, ainsi que le réseau sanitaire de suivi des émanations de gaz liées à la décomposition des algues et les risques potentiels sur la santé.
- Mettre en place avec l’ensemble des collectivités touchées par les sargasses des solutions de collectes permettant d’intervenir en moins de 48h pour éviter la décomposition des algues.
- Renforcer la recherche et l’innovation ainsi que la coopération régionale et internationalepour apporter des réponses sur la question de l’origine des algues ainsi que pour évaluer les bonnes pratiques mises en place par nos principaux partenaires.
- Accompagner les citoyens et les entreprises touchés par les sargasses pour limiter les pertes économiques, en lien avec les assureurs qui pourront proposer d’inscrire désormais le risque sargasse dans les contrats d’assurance.
10 millions d'euros en cofinancement
Concernant l’organisation de la collecte, la mobilisation des ressources humaines et la valorisation des sargasses
Le duo ministériel a annoncé la poursuite du soutien exceptionnel aux collectivités à la fois en termes d’investissements (achat de machine) et de fonctionnement (prestations de ramassage, mobilisation des entreprises) pour le ramassage des algues échouées. 3 millions d’euros ont été engagés depuis 2 mois en Guadeloupe et en Martinique, et ont permis d’obtenir des résultats encourageants. L’Etat apportera 3 millions d’euros supplémentaires pour continuer de faire face à l’urgence.
Les deux ministres ont demandé au préfet coordinateur chargé des Sargasses d’étudier la mise en place d’une réserve citoyenne prenant la forme de brigades vertes afin que des équipes de collectes soient mobilisables rapidement en cas d’arrivée massive de sargasses.
Pour équiper les collectivités en matériel de collecte pour les algues, sur les plages, dans les ports et en mer, l’Etat s’engage dans un grand plan d’investissement de 8 à 10 millions sur 2018-2019, financé à moitié par dotation de l’Etat (part Etat 4-5 millions), le reste venant en cofinancement de l’Union Européenne et des collectivités. Ces moyens devront permettre à toutes les collectivités touchées d’avoir rapidement les moyens de collecter les sargasses en moins de 48 heures.
Ces dispositions viendront s’appuyer sur le nouvel appel à projets ADEME centré sur les technologies de ramassage en proche côtier pour les zones difficiles d’accès et la valorisation de la biomasse autour de nouvelles pistes (bio-plastique, charbons actifs, etc.) doté d’un million d’euros.
Un bulletin sargasses quotidien
S'agissant de la détection et suivi sanitaire des sargasses, les ministres confirment la mise en place de capteurs permettant de réaliser des mesures en direct des dégagements de H2S et d’ammoniac. 22 capteurs sont en cours d’installation en Guadeloupe, et un site internet donnera les mesures en direct, pour renforcer la transparence et l’information de la population.
Une étude scientifique ECOSAR sera lancée en juillet par l’Université Antilles Guyane pour mieux documenter la composition des sargasses afin de faciliter leur valorisation (avec l’appui de l’ADEME 350 000 euros et des collectivités locales).
Le renforcement du réseau de suivi et d’échouage des sargasses par satellite, doté de 300 000 euros pour continuer à améliorer la prévision et le suivi des nappes qui dérivent vers les Antilles et qui présentent un risque d’échouage. Ce réseau de suivi permettra de mieux anticiper les arrivées de sargasses, et donc d’aider les collectivités à s’y préparer.
La mise en place d’un site internet unique regroupant les informations des différents partenaires permettant la publication des bulletins de prévision d’arrivée des sargasses, le niveau d’émissions de particules liées à la décomposition des algues sites par sites, et permettant le signalement par les citoyens et les professionnels de la mer des échouages de sargasses.
La mise à disposition de données pour permettre la diffusion chaque jour sur les médias locaux de bulletin sargasse permettant d’informer au mieux les citoyens, en toute transparence.
Un moratoire sur les charges
Au sujet du soutien et de l’accompagnement des entreprises et des citoyens, l’Etat mobilisera l’ensemble des outils d’accompagnement aux entreprises : moratoire sur les charges fiscales et sociales, suspension des procédures de recouvrement, délais de paiement pour le RSI, dispositifs de chômage partiel…
Un dialogue avec les compagnies d’assurance permettra d’inscrire à l’avenir le risque sargasse dans les contrats d’assurance, pour prendre en charge les dégâts qui peuvent être causés par les sargasses, comme les pannes d’électroménagers ou d’appareils électroniques. Des dispositifs d’urgence pour cette année sont à l’étude pour les dégâts déjà causés.
En revanche toujours aucun signe de la prise en compte d'un état de catastrophe naturelle.
Coopération et recherche au niveau régional et international
Enfin, pour renforcer la coopération régionale et internationale en matière de lutte contre cette pollution, l’Etat soutiendra l’organisation de plusieurs colloques et manifestations scientifiques permettant le partage d’information et de solutions à l’échelle des Caraïbes.
Sur proposition des deux ministres, le Premier Ministre a confié à M. Théophile, sénateur de Guadeloupe, une mission d’état des lieux des solutions utilisées pour lutter contre les sargasses dans les Caraïbes, et faire des propositions pour renforcer la coopération régionale en la matière, notamment dans le cadre de la Convention de Carthagène.