La haine des homosexuels plus marquée en Outremer
Un rapport de plusieurs députés souligne un rejet latent et une loi du silence sur le sujet dans les territoires d’Outremer. Un jeune homosexuel torturé en Guadeloupe, un autre jeune rejeté par sa famille à Mayotte, une femme licenciée pour avoir été vue embrassant sa compagne à La Réunion : dans les Outre-mer, la haine anti LGBT (lesbiennes, gays, bi et trans) est "plus virulente" que dans l’Hexagone.
Selon le quotidien Sud-Ouest, un rapport des députés Laurence Vanceneubrock-Mialon (Allier), Raphaël Gérard (Charente-Maritime) et Gabriel Serville (Guyane), fait le constat dans les Outre-mer "d’une haine anti-LGBT plus marquée" et "d’un rejet latent", renforcés par "le poids de la famille, de la religion, des préjugées sexistes et de l’insularité", dans des territoires où "l’anonymat n’existe pas" et où "la loi du silence domine".
Une violence homophobe "culturellement admise"
Un "constat cruel", sur un sujet qui manque de données, que ce soit en matière de plaintes, d’agressions recensées, de témoignages de discriminations ou de chiffres sur les unions de même sexe, a expliqué Raphaël Gérard. Il fait état de "multiples actes de violence en direction des personnes homosexuelles", comme l’agression d’un jeune Guadeloupéen séquestré puis torturé pendant plusieurs jours en janvier 2016 par un groupe de jeunes à l’aide d’un fer à repasser.
Une violence aussi verbale et psychologique : le rapport raconte les insultes et humiliations vécues par les personnes qui affichent leur homosexualité, comme Julia, Réunionnaise licenciée pour avoir embrassé sa compagne sur le parking de son entreprise, ou ces hommes insultés sur internet en Guyane après que leur homosexualité a été révélée. Les rapporteurs notent aussi "des violences intrafamiliales répandues" (rupture des liens de filiation, interdits d’exprimer son homosexualité, menaces de mort), avec une violence homophobe "culturellement admise" liée au poids de l’honneur, et "de fréquentes expulsions du domicile familial".
Exode vers la métropole
La tolérance vis-à-vis de l’homosexualité est toujours conditionnée à son "invisibilité au sein des sociétés ultramarines", constate le rapport, ce qui pousse les personnes LGBT à la clandestinité, et à un "exode vers l’Hexagone pour pouvoir vivre librement leur identité sexuelle ou de genre". Pour Laurence Vanceneubrock-Mialon, "le poids de la colonisation" peut expliquer cette haine. "Les sociétés précoloniales étaient plus ouvertes", mais la colonisation et l’évangélisation ont "systématisé l’homophobie dans les sociétés ultramarines". Les auteurs mettent aussi en avant le poids de "l’insularité, de l’interconnaissance et de la rumeur", et "la honte du regard des autres". Les auteurs évoquent "de graves atteintes aux droits", notamment sur le plan de la justice difficulté à porter plainte.