Quitter la Martinique pour étudier, un parcours du combattant ?
Chaque année, à cette même période, des milliers d’étudiants martiniquais se préparent à poursuivre leurs études en France hexagonale ou à l’étranger. Pas toujours sans mal ...
Ces jeunes, souvent contraints de quitter la Martinique, doivent procéder à un changement de vie qui se révèle rarement évident : démarches administratives, déplacements, recherches de logement, d’aides étudiantes …
Aussi, pour s'assurer d'un départ dans les meilleurs conditions, l'anticipation est de mise. C'est le cas chez Marie, qui intégrera à la rentrée prochaine un master de journalisme à Lyon.
J'ai commencé à faire mes demandes de prêt, de bourses et d'aides diverses entre le 10 et le 15 juin, donc relativement tôt. Dès que j'ai eu les réponses des écoles, en fait. En plus, celle où je vais m'inscrire coûte assez cher, environ 8 200 euros l'année, donc j'avais vraiment besoin de faire un prêt et de bénéficier de toutes les aides disponibles.
Cependant, même une bonne anticipation ne suffit pas toujours à surmonter les nombreuses difficultés liées à cette période de bouleversements. Erwan, étudiant non-boursier, devrait intégrer un Master 1 Droit pénal et pratique pénale, à Montpellier. Il déplore que le coût de ses déplacements impacte autant les finances de sa mère.
Je trouve que les critères de la bourse sont mal choisis parce que ma mère, célibataire, est toute seule pour nous aider, ma sœur et moi. Certes, elle a un salaire correct en tant qu'avocate, mais c'est quand même compliqué, c'est une profession libérale, incertaine. La plupart des autres bourses, au mérite ou "mobilité master", sont octroyées quand on est déjà boursier. Et comme je ne le suis pas, je n'y ai pas droit.
Trouver un logement relève également du parcours du combattant. Entre multiplication des démarches administratives et temps d'attente, ces jeunes doivent faire preuve d'une grande patience. Jade, qui partira prochainement réaliser des études d'urbanisme, en a fait les frais.
On a une dizaine de démarches à faire, donc pas énormément, mais le souci, c'est qu'elles sont toutes étalées sur plusieurs mois et interdépendantes. Par exemple, pour obtenir un logement, je suis passé par le CROUS, et leur système d'attribution démarre au moment où l'on reçoit les réponses des universités. Ce qui fait que je me suis retrouvé à réserver un logement avant même de savoir si j'avais été acceptée dans l'université concernée.
Un enjeu de continuité territoriale, qui chaque année, se fait plus sensible. Mais dans l'attente d'un meilleur système, certains de ces étudiants devront chercher un job dès leur arrivée afin de soulager leurs parents.