Nos constructions sont-elles prêtes pour le fameux Big One ?
Nos maisons et bâtiments pourront-ils résister à un gros tremblement de terre ? Le fameux Big One, séisme majeur et imprévisible, est pris très au sérieux par le monde de la construction et les autorités.
La question a réuni les professionnels de la construction en fin de semaine dernière, à Schoelcher, en Martinique, afin de parler solutions et financements.
Leur objectif : renforcer le maximum de maisons et de bâtiments dans l'inévitable perspective d’un tremblement de terre majeur. Une course contre la montre pour sauver le plus de vies possible.
C'est la Cellule Économique Régionale de la Construction de la Martinique et son homologue de la Guadeloupe qui sont à l'origine de cette rencontre technique.
Paul Quistin, ingénieur en génie civil guadeloupéen et vice-président national de l'Association Française du Génie Parasismique, explique la nature du danger qui pèse sur les constructions humaines :
Avec un tremblement de terre, il y a des accélérations horizontales qui s'exercent sur les bâtiments. Or, ils ne sont pas prévus pour ça. Il y a donc besoin de contreventements, des éléments rigides dédiés à amortir ces forces. Ainsi, même si le sol bouge, le bâtiment peut s’abîmer, voire se fissurer, mais les vies seront préservées car il ne va pas s'écrouler.
Pour Félix Happio, président du syndicat patronal de l'artisanat du bâtiment de Martinique (CAPEB972), les techniques existantes ne sont pas nécessairement compliquées à mettre en place, mais il y a des procédures minutieuses à respecter :
Il faut faire le constat de l'état des bâtiments. En fonction des normes des époques de construction, certaines choses que l'on ne savait alors pas doivent malgré tout être appliquées aujourd'hui. Et si l'on prend l'exemple des années 80, on a beaucoup construit en "coups de main". Il y a donc un certain nombre de choses qui n'étaient pas aux normes, même pour l'époque.
La question du financement de ces travaux majeurs reste toutefois en suspens, car si pour les bâtiments publics et les établissements scolaires, l’État et les collectivités fournissent les fonds, les travaux de confortement des particuliers se font sur la base du volontariat et à leurs frais.
Selon la Direction de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DEAL) de la Martinique qui a participé à la rencontre des professionnels, seuls 26 % des bâtiments publics identifiés comme fragiles et non sécurisés face à un séisme ou cyclone ont été confortés.
Il reste donc 74 % en attente de travaux.