Une campagne d'affichage marron pour dénoncer l'empoisonnement des martiniquais au chlordécone
Un collectif de créateurs martiniquais a décidé d'utiliser les supports publicitaires pour dénoncer l'empoisonnement de la population martiniquaise par le chlordécone ainsi que l'immobilisme de l'Etat sur la sujet.
Une affiche rose, un texte blanc, une femme noire vêtue d'un drapeau bleu-blanc-rouge tenant à la main un livre de Frantz Fanon, dans le même bras une perfusion reliée à un bananier. Cette image qui ressemble à s'y méprendre à une publicité pour une pièce de théâtre ou pour un roman est en fait une campagne d'affichage marron.
Trois créateurs martiniquais ont imaginé cette campagne pour alerter sur la problématique chlordécone. Les affiches ont été placardées sur des panneaux 4x3, dans des abris bus ou à proximité des établissements scolaires.
Sous le gros titre, "Un Sang Impur", deux textes accompagnent l'image. Le premier dit : "ou La Tragédie de Sept CentAns, pièce post-coloniale. Dans une variation de Shakespeare, Césaire et Carpentier, le créateur imagine l'hypothèse un peu folle d'anciens maîtres empoisonnant leurs esclaves libérés, se condamnant tous à une mort lente, cancéreuse, difforme comme l'épidémie de goîtres thyroidaux qui pullulent sur l'île".
Le second dit : "le nouveau roman choc ! Où la chronique dramatique d'un Etat qui chlordécone, partenaire silencieux d'intérêts privés qui empoisonnent... Que fera Emmanuel, notre héros ? Accordera-t-il des réparations à toutes les personnes contaminées".